Dans le paysage politique béninois, un phénomène récent soulève une question cruciale : est-ce qu’un élu local peut désormais quitter son parti sans risquer sa destitution ? Les récentes affaires de destitution de chefs d’arrondissement et de conseillers communaux à Banikoara et Kandi, après leur démission pour rejoindre Les Démocrates, éclairent les tensions entre la liberté de choix de l’élu et la discipline de parti. Alors que le mercato politique d’avant 2026 s’anime à plein fouet, les élus qui envisage de se faire recruter par LD ont quelque peu à craindre, surtout s’ils sont en position de maire, premier ou deuxième adjoint au maire ou chef d’arrondissement. L’épisode de la cheffe de l’arrondissement central de Banikoara, Suzanne Elise Tama, a marqué les esprits. Ancienne membre du parti Union Progressiste le Renouveau (UPR), elle a été déchue de ses fonctions par un vote de défiance le 4 août 2025. Son « crime » politique ? Avoir démissionné de l’UPR pour rallier le parti d’opposition Les Démocrates, dirigé par l’ancien président Boni Yayi. Sur les 31 élus communaux, 28 ont voté pour sa destitution. Face à la presse, l’élue a affirmé être libérée et avoir agi en réponse à « la demande de sa base », une justification qui met en lumière le dilemme de l’élu entre la loyauté partisane et la fidélité à ses mandants. Quelques semaines après Banikoara, un scénario similaire s’est joué à Kandi. Le 27 août 2025, le premier adjoint au maire, Séidou Abdouwahabou, et quatre chefs d’arrondissement, Imorou F. Moustapha (Kandi 3), Tamou Bagri Gounou Charles (Dowari), Salifou Raoufou (Angaradébou) et Kora Gounou Idrissou (Sam), ont été destitués après avoir démissionné du parti Force Cauris pour un Bénin Émergent (FCBE et UPR) pour rejoindre Les Démocrates. Le parti de l’opposition a rapidement dénoncé la manœuvre, la qualifiant de « démocratie à double-vitesse » et de tentative d’ « écraser l’opposition ». Pour leur part, les démissionnaires ont justifié leur choix par une crise de confiance, le conseiller juridique du parti Prosper Adoukonou ayant déclaré que les élus ne peuvent pas « quitter un parti qui les a fait élire et continuer à jouir des prérogatives liées à cette position ».
Le débat juridique et politique : Mandat impératif ou liberté d’expression ?
Ces destitutions, perçues par LD comme des purges politiques, reposeraient sur un cadre juridique précis. Le Code électoral béninois, notamment la Loi n° 2024-13, donne aux conseils communaux le pouvoir de destituer un maire ou un adjoint par un « vote de défiance » en cas de « désaccord grave ou de crise de confiance ». Cette disposition, bien que ne mentionnant pas explicitement le changement d’appartenance politique, a été utilisée pour justifier le retrait de la confiance aux élus démissionnaires. Le cœur du débat réside dans la nature du mandat de l’élu local. Au Bénin, comme dans de nombreux pays francophones, les élections des conseillers communaux se font sur la base de listes de partis politiques. Chaque élu est donc intrinsèquement lié à la liste sur laquelle il a été élu. Les partis majoritaires arguent que leur victoire électorale a été obtenue grâce à la force du collectif et du programme de leur parti, et non uniquement sur le mérite de l’individu. Par conséquent, un élu qui déserte le navire du parti après avoir été porté à un poste de responsabilité ne peut plus être considéré comme un représentant légitime de la majorité. Cette perspective, défendue par le conseiller juridique du FCBE, Prosper Adoukonou, suggère que la loyauté partisane est un contrat implicite avec les électeurs qui ont voté pour le parti, et non pour l’individu seul. (👉 Suivez toute l’actualité béninoise sur notre compte TikTok : @lanouvelletribunebenin ;🔥 « Restez branché à l’actu béninoise sur notre chaîne WhatsApp officielle ! » en cliquant ici : La Nouvelle Tribune sur WhatsApp)
Cette logique crée une situation inédite où le « vote de défiance » est utilisé pour sanctionner un acte politique non répréhensible en soi, à savoir la démission d’un parti. Elle soulève des questions sur le droit de l’élu à la liberté de conscience et à l’expression politique, et sur le danger d’instaurer un mandat impératif de facto, où le conseil n’aurait plus de pouvoir discrétionnaire. La position de l’opposition, qui dénonce une manœuvre visant à affaiblir ses rangs et à étouffer le pluralisme, trouve un écho dans les craintes des observateurs qui voient dans ces événements une consolidation de la majorité au détriment du jeu démocratique équilibré.
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Aziz le sultan, ton coeur de fer doit à présent te faire regretter ta trahison envers ton prof en classe de 4è (étudiant en service militaire à l’époque) Boni Yayi …moi j’étais en 1ère
C’est l’une des conséquences de l’inculture politique des pseudos politiciens de notre pays. On me dira que la cause ce sont les limites de la réforme du système partisan. Faux. Ce sont juste des calculs politiciens de certains élus en mal d’inspiration qui pensent que l’opposition est aux portes du pouvoir. Ils ont tapés poteau se retrouvant sans les privilèges afférents à leurs fonctions. C’est à croire que ces gens-là n’ont pas de responsabilités familiales. Encore qu’il n’y a pas des indemnités de chômage au Bénin 🇧🇯
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