Sénégal: Affaire Arcelor Mittal, débat autour du choix des avocats

Le recours du Sénégal au cabinet français Gide dans le contentieux Arcelor Mittal suscite des avis partagés. Certains y voient une stratégie juridique adaptée au droit français, d’autres dénoncent un manque de valorisation des compétences locales.

Une double équipe entre avocats sénégalais et cabinet français

Un internaute a rappelé que l’Agent judiciaire de l’État a déjà mandaté Mes Bamba Cissé, Ciré Clédor Ly et Henri V. Gomis pour représenter le pays. Ces avocats ont déposé une plainte pour association de malfaiteurs, corruption, blanchiment de capitaux, recel, escroquerie et complicité. Cette présence dément l’idée d’une exclusion systématique des praticiens nationaux.

Le recours au cabinet Gide, selon ses défenseurs, découle d’une contrainte juridique : l’accord transactionnel de 2014 ayant été conclu en droit français, un appui extérieur permettrait d’optimiser les chances de succès. La gestion des fonds sur des comptes CARPA par l’avocat français François Meyer, sans information préalable des conseils sénégalais, illustre l’importance d’une expertise locale mais aussi internationale.

Un rappel contextuel est ici nécessaire : le Sénégal avait initialement réclamé jusqu’à 3 300 milliards FCFA devant la Chambre de commerce internationale. Finalement, un accord transactionnel de 150 millions de dollars en droit français a mis fin à la procédure, ce qui continue d’alimenter les controverses.

Le débat sur la place des compétences nationales

De son côté, l’avocat Juan Branco critique la dépendance aux cabinets occidentaux « aux honoraires stratosphériques », estimant que le pays dispose de « juristes parmi les plus fins du monde ». Selon lui, l’administration n’a pas rompu avec les pratiques héritées de l’ancien régime et néglige des confrères qui ont pris des risques durant la contestation politique.

Cette affaire relance la question plus large de la souveraineté juridique : faut-il privilégier systématiquement les cabinets étrangers lorsque les contrats sont régis par leur droit ? Ou investir davantage dans la montée en puissance des avocats nationaux ?

Le dossier Arcelor Mittal, qui avait suscité de fortes attentes en matière de restitution financière, illustre les tensions entre stratégie internationale et valorisation des compétences locales.

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