Sénégal : Boom des dividendes miniers, la SOMISEN affiche des résultats record

La gestion des participations de l’État dans le secteur minier sénégalais connaît une mutation visible. Pour l’année 2025, les dividendes versés à l’État ont atteint un niveau jamais enregistré, signe d’une stratégie plus rigoureuse et d’une meilleure gouvernance portée par la SOMISEN. Après plusieurs années de rendements faibles ou irréguliers, l’État sénégalais enregistre une performance exceptionnelle dans la collecte des dividendes issus du secteur minier.

Des résultats financiers inédits pour l’État actionnaire

Selon un rapport publié par la Société des Mines du Sénégal (SOMISEN SA), les dividendes bruts perçus en 2025 ont atteint 41,425 milliards FCFA, soit plus du double de la moyenne des quatre dernières années, estimée à 18 milliards. Ce bond de 126 % constitue un signal fort : les leviers mis en place pour valoriser les actifs miniers commencent à produire des effets mesurables.

En y ajoutant les 29,532 milliards FCFA générés via l’Impôt sur les Revenus de Valeurs Mobilières (IRVM), l’État sénégalais a engrangé un total de 70,957 milliards FCFA pour l’année en cours. Ce chiffre global, inédit, montre que les ressources naturelles du pays, lorsqu’elles sont bien encadrées, peuvent produire un rendement fiscal et économique significatif.

De l’audit à la valorisation : une nouvelle ère de contrôle

Depuis fin 2024, la SOMISEN a entrepris un audit rigoureux des participations de l’État dans 14 entreprises minières, allant de l’or aux phosphates. L’objectif était de recenser, évaluer et revaloriser ces actifs souvent négligés ou mal gérés. Cette démarche a permis non seulement de redéfinir les bases juridiques et financières des participations, mais aussi d’identifier des mécanismes de recouvrement plus efficaces.

Le changement s’est également opéré dans la méthode : au lieu de se limiter à une posture passive d’actionnaire minoritaire, l’État s’est doté d’une structure proactive, dotée de compétences techniques et financières, capable de dialoguer d’égal à égal avec les partenaires privés. La SOMISEN, avec le soutien du ministère des Mines, a repositionné l’État comme acteur stratégique, et non simple figurant dans l’exploitation de ses ressources.

Une stratégie tournée vers la transformation locale

Au-delà des chiffres, cette dynamique s’inscrit dans une volonté de passer de la rente à la création de valeur. Parmi les projets structurants en cours, figure la mise en place d’un comptoir national et d’une unité de raffinage de l’or artisanal, en partenariat avec le FONSIS. Cette initiative vise à retenir une plus grande partie de la chaîne de valeur au Sénégal, et à limiter l’exportation de matières brutes sans transformation.

L’année 2025 marque donc une inflection stratégique dans la gestion minière publique, combinant rigueur financière, volonté politique et ambition industrielle. Si les performances actuelles sont encourageantes, elles appellent aussi à une vigilance accrue pour pérenniser cette trajectoire. Dans un secteur historiquement opaque, la transparence et l’équité dans la répartition des bénéfices restent des exigences de premier plan.

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