Sénégal : Programme de 400 logements sociaux, une question d’accessibilité

Le Sénégal fait face à un déficit estimé à environ 300 000 logements, un chiffre qui augmente chaque année de plus de 20 000 unités selon le ministère de l’Urbanisme. Pour combler ce manque, les autorités misent sur des opérateurs publics comme la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), la Sicap et la Société Nationale des Habitations à Loyer Modéré (SN HLM). Malgré ces efforts, la question du coût reste centrale : même labellisés « sociaux », certains programmes affichent des prix qui, pour de nombreux ménages, restent hors de portée, surtout dans un contexte économique marqué par la hausse du coût de la vie et l’augmentation des charges familiales.

Un projet à Bambilor, promesse de modernité

La SN HLM et la Banque Islamique du Sénégal (BIS) viennent de sceller un partenariat pour la réalisation de 400 logements dans la zone de Bambilor 3, à une trentaine de kilomètres de Dakar. L’opération se veut un symbole d’élégance et de tranquillité, dans un environnement en pleine expansion urbaine. Les villas proposées affichent des prix allant de 22 millions à 65 millions FCFA, avec des facilités de paiement étalées sur plusieurs années.

Selon Bassirou Kébé, directeur général de la SN HLM, « la SN HLM vous ouvre les portes de votre future villa à Bambilor », vantant un cadre de vie alliant confort et charme, pensé pour séduire la classe moyenne émergente. La livraison est prévue pour septembre 2026.

Accessibilité : un défi persistant

Malgré l’attrait du projet et la possibilité de paiements échelonnés, de nombreux usagers pointent la difficulté d’accès à ces logements. Pour un ménage percevant un revenu moyen, l’engagement financier demeure important, même sur une longue période. En considérant que les loyers actuels absorbent déjà environ 15 % du budget des locataires, un achat immobilier à plusieurs dizaines de millions de francs CFA reste un pari lourd à assumer. À titre d’exemple, un foyer qui consacre aujourd’hui 60 000 FCFA par mois à son logement devrait multiplier cet effort pour honorer les mensualités, ce qui revient à réorganiser profondément ses priorités budgétaires.

Le programme de Bambilor s’inscrit dans une dynamique où les annonces chiffrées se succèdent : 500 000 logements sociaux promis à l’échelle nationale sur dix ans, en plus d’objectifs à l’horizon 2050 visant des millions d’unités supplémentaires.

Chaque projet révèle toutefois un même dilemme : comment concilier le besoin urgent de logements décents et la capacité réelle des ménages à financer ces acquisitions ? Si les partenariats public-privé apportent des solutions techniques et accélèrent les mises en chantier, ils ne suffisent pas à gommer les obstacles liés aux revenus et aux conditions de financement.

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