Souveraineté africaine : Au Bénin, l’IAJP confronte visions politiques et académiques

L’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP/Co) a réuni, jeudi 7 août, universitaires et parlementaires autour d’un thème qui traverse l’histoire politique du continent : « Souveraineté du pouvoir politique en Afrique : entre unité africaine et impuissance des dirigeants africains ? ». Trois figures du monde académique et politique – le professeur Hygin Kakai, l’honorable Lazare Maurice Sehouéto et l’honorable Joël T. S. Godonou – ont croisé leurs analyses dans la salle de conférence de l’institut.

En ouverture, l’abbé Hermann Agboffo, directeur adjoint de l’IAJP, a rappelé que cette rencontre s’inscrivait dans la continuité d’un premier débat tenu le 10 juillet. « La souveraineté africaine se présente comme une jarre trouée, interpellant la responsabilité de chaque Africain, de l’homme de la rue jusqu’au dirigeant », a-t-il lancé, invitant les participants à apporter « leur pierre à l’édifice » de la réflexion collective.

Le constat de Lazare Maurice Sehouéto

Prenant la parole, le député Lazare Maurice Sehouéto a pointé l’un des points noirs du système politique africain : l’absence de contrôle social. Selon lui, ce déficit mine la légitimité du pouvoir et affaiblit l’efficacité des institutions.
« L’Afrique est le seul continent où ce mécanisme est pratiquement inexistant », a-t-il affirmé, déplorant que ni les populations locales ni les puissances extérieures ne puissent imposer de cadre régulateur aux gouvernants. « On n’est pas contrôlés par nos populations et on ne peut pas être contrôlés par les grandes puissances. »

Le professeur Hygin Kakai, politologue à l’université d’Abomey-Calavi, a nuancé ce diagnostic. Pour lui, les États africains sont bien souverains, mais cette souveraineté reste « formelle ».
« Ils sont indépendants, oui. Mais que faisons-nous de notre souveraineté ? » a-t-il questionné, soulignant que l’émancipation réelle du continent se heurte à une dépendance économique persistante, à une fragilité institutionnelle et à un manque de volonté politique. Il a appelé à des décisions « courageuses », capables de résister aux pressions extérieures et de répondre aux besoins des populations. L’honorable Joël T. S. Godonou a quant à lui défendu une voie médiane : consolider les institutions nationales tout en accélérant l’intégration continentale. Objectif : permettre à l’Afrique de « parler d’une seule voix » sur la scène internationale.

Retour sur le précédent débat de juillet

Cette soirée prolongeait une conférence de haut niveau tenue le mois précédent, animée par l’ancien ministre béninois des Affaires étrangères, Nassirou Bako-Arifari. Celui-ci avait livré une analyse sans détour, s’appuyant sur un épisode marquant de la crise libyenne de 2011, lorsque des chefs d’État africains s’étaient vu interdire l’accès à Tripoli par l’OTAN.
Pour lui, le vote favorable de trois pays africains au Conseil de sécurité (Afrique du Sud, Gabon, Nigeria) à l’intervention militaire illustre le renoncement du continent à sa propre souveraineté. « L’Afrique a elle-même signé son impuissance », avait-il martelé. Malgré des points de vue parfois divergents, les intervenants du 7 août se sont retrouvés sur un constat : l’Afrique dispose des ressources humaines et naturelles nécessaires pour tracer son propre chemin. Encore faut-il que ses dirigeants osent les choix politiques qui peuvent changer la donne.

2 réflexions au sujet de “Souveraineté africaine : Au Bénin, l’IAJP confronte visions politiques et académiques”

  1. En ce jour du seigneur ; une pensée pieuse pour mon ami et contradicteur de référence @Napoleon alias ObaOlogoun. Esperant que tout va bien pour lui. Santé vieux père. Prions le seigneur 🙏🙏🙏

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  2. Ce qui est étonnant dans notre pays est que des intellectuels se réunissent dans un creuset , des ateliers, des conférences et que sais-je encore pour discuter sur des problématiques qui n’apportent aucune valeur ajoutée réelle aux solutions pour le développement capital humain de la société. Pour une nouvelle approche de comment mener des politiques sociales et la transformation de nos pratiques qui ont la vie dure minant notre développement économique. Au lieu de ça ; on se retrouve autour d’une table et chaises pour du bavardage. Ça peut avoir un impact sur certains esprits étriqués au pays mais pas malheureusement sur nous autres ayant une approche occidentale de l’évolution du monde globalisé. Ce que soutient Lazare Sehoueto; il peut rédiger une proposition de loi en ce sens à l’assemblée nationale au lieu de venir discourir. N’est-ce pas le rôle d’un parlementaire ???
    Cherchez l’erreur.

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