Les relations entre la France et l’Algérie sont actuellement marquées par une montée des tensions qui s’est accentuée depuis l’été 2024. Plusieurs événements ont contribué à cette dégradation : la prise de position de Emmanuel Macron en faveur de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental a provoqué une vive réaction d’Alger, allant jusqu’au rappel de son ambassadeur en France.
Par ailleurs, l’arrestation controversée de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal à Alger, ainsi que l’attaque au couteau perpétrée en février 2025 à Mulhouse par un ressortissant algérien en situation irrégulière, ont alimenté les tensions sur les plans politique et sécuritaire. En mai 2025, les deux pays ont procédé à l’expulsion réciproque de plusieurs diplomates, témoignant d’un durcissement notable des relations. En parallèle, la France a suspendu l’accord de visas diplomatiques conclu en 2013, restreignant ainsi la mobilité des représentants algériens sur son territoire.
Suspension des visas longs séjours contestée par Alger
Dans ce climat déjà crispé, la décision prise récemment par le président Macron de stopper la délivrance des visas de long séjour aux ressortissants algériens a provoqué une nouvelle onde de choc. Pour Mohamed Hani, député algérien membre de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée populaire nationale, cette mesure va au-delà d’une simple restriction administrative : elle constitue une atteinte aux droits fondamentaux des personnes et des familles concernées.
Selon lui, la France aurait enfreint non seulement sa propre législation, mais aussi les engagements de l’Union européenne en matière de libertés. Face à cette situation, une saisine de la Cour européenne des droits de l’homme est envisagée, avec l’espoir qu’une décision de justice puisse apporter une réponse claire et servir de référence future.
Une plainte pour provocation à la haine contre le ministre de l’Intérieur
Sur le plan national, la crise diplomatique se double d’un contentieux judiciaire. Le 8 août 2025, Khadija Aoudia, avocate d’origine algérienne et ancienne bâtonnière au barreau de Nîmes, a déposé une plainte de 30 pages, auprès de la Cour de justice de la République à l’encontre de Bruno Retailleau, ministre français de l’Intérieur. Cette plainte accuse le ministre d’avoir tenu des propos qui encourageraient la haine et la discrimination à l’encontre des musulmans. En complément, un recours auprès de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies est également à l’étude.
Portée par une association locale œuvrant dans les quartiers populaires, cette démarche dénonce une augmentation des discours racistes depuis l’entrée en fonction de Bruno Retailleau. Ce volet judiciaire montre les répercussions internes en France des tensions diplomatiques et souligne le lien étroit entre politique étrangère et climat social.
Des relations complexes au carrefour des enjeux diplomatiques et sociaux
Ces événements révèlent la complexité des relations actuelles entre la France et l’Algérie, où se mêlent enjeux diplomatiques, droits humains et défis sécuritaires. La poursuite des recours devant les juridictions européennes et internationales témoigne d’une volonté de canaliser les différends dans un cadre légal. L’évolution de ces dossiers sera à suivre attentivement, tant pour la stabilité des relations bilatérales que pour leurs répercussions sur la société civile.



