Du drame de Baobab Express à Dassa-Zoumè, le 29 janvier 2023, aux tragédies en série de juin, juillet et août 2025 sur l’axe Glazoué–Dassa, les mêmes questions reviennent inlassablement. À chaque accident, elles ressurgissent. Les routes sont-elles adaptées et suffisamment sécurisées ? Les dispositifs de secours sont-ils réellement efficaces ? Les contrôles sont-ils menés avec rigueur ? Les entreprises de transport sont-elles pleinement responsables ? Et les conducteurs, respectueux du code de la route ? Autant d’interrogations qui renvoient à des responsabilités partagées.
Le 29 janvier 2023, la commune de Dassa-Zoumè a connu l’un des accidents les plus meurtriers du pays. Un bus de la compagnie Baobab Express, en collision avec un camion, a pris feu. Vingt personnes ont péri calcinées sur les lieux, tandis que neuf autres ont succombé par la suite, portant le bilan total à 29 morts. Parmi les 42 passagers du bus et les trois occupants du camion, seuls 16 ont survécu, dont 14 grâce à une prise en charge gratuite au CNHU-HKM de Cotonou et au CTE d’Abomey-Calavi.
Ce drame avait révélé la faiblesse du dispositif de secours. Le centre de Dassa-Zoumè, dépourvu de camion-citerne opérationnel, n’avait pu intervenir rapidement. L’alerte n’avait été donnée qu’à 16 h 25, soit près de 25 minutes après l’accident, et les renforts de Savalou n’étaient arrivés qu’à 17 h 10, à cause de la distance de 35 km.
Depuis, les tragédies se sont multipliées sur le même corridor. Le 1er juin 2025, à Gankpintin, un bus en provenance de Cotonou est entré en collision avec un camion de bétail venu du Niger. Le choc a fait cinq morts et 21 blessés. Le drame s’est aggravé lorsqu’un autre camion, chargé de poteaux électriques, a percuté le bus immobilisé. Le 26 juillet 2025, à Mondjigangan, toujours sur l’axe Glazoué–Dassa, deux véhicules se sont heurtés. Le bilan faisait état de cinq décès et d’environ cinq blessés graves.
Enfin, dans la nuit du 17 août 2025, un bus de la compagnie STM immatriculé CC 0085 MD, transportant 54 passagers entre Lomé et Niamey, a heurté la rambarde du pont sur le fleuve Ouémé à Thio avant de plonger dans l’eau. Deux passagers étaient déjà descendus avant le drame. Les opérations de repêchage ont permis de sauver neuf personnes. Sur 43 victimes recensées, 35 sont de nationalité nigérienne. Plusieurs autres pays sont aussi endeuillés par cet accident. Il s’agit du Bénin, du Togo, du Tchad, du Ghana et de l’Allemagne (une ressortissante d’origine africaine).
Infrastructures, secours et régulation en question
Ces accidents mettent en évidence plusieurs défaillances structurelles. D’abord, l’exiguïté de la voie, l’absence d’éclairage public et la dangerosité de certains points stratégiques, comme le pont de Thio. Ensuite, la lenteur des secours demeure un facteur aggravant. Le drame de 2023 a montré à quel point l’absence de matériel adapté et la dépendance aux renforts éloignés peuvent coûter des vies. S’y ajoute l’insuffisance des contrôles routiers. Peu de postes fixes, manque de patrouilles, laissent place à l’excès de vitesse, à l’incivisme de certains conducteurs et à la surcharge.
Les compagnies de transport face à leurs responsabilités
D’après Pascal Tahoulan, vice-président du groupement des compagnies de transport par autocars, sur la radio nationale, des efforts sont pourtant consentis. Formations des chauffeurs, recyclages internes, rappels des règles de sécurité avec le Centre national de sécurité routière. Des instructions ont aussi été données aux garages pour limiter les pannes répétées et assurer le contrôle régulier des papiers des véhicules. Mais ces initiatives restent insuffisantes au regard de la fréquence et de la gravité des drames. La question des temps de repos réglementaires des conducteurs demeure centrale.
Une responsabilité partagée
De la tragédie de Baobab Express en 2023 au drame du pont de Thio en 2025, le corridor Glazoué–Dassa s’est tristement distingué par la répétition d’accidents graves, mettant en lumière les failles persistantes du système de transport. Les causes sont multiples. La répétition des drames devrait désormais imposer une réflexion profonde. Sécurisation des infrastructures, équipements de secours renforcés, contrôles accrus des compagnies et changement des pratiques de conduite. À défaut, le corridor Glazoué–Dassa risque d’être le théâtre de nouveaux drames. (👉 Suivez toute l’actualité béninoise sur notre compte TikTok : @lanouvelletribunebenin ;🔥 « Restez branché à l’actu béninoise sur notre chaîne WhatsApp officielle ! » en cliquant ici : La Nouvelle Tribune sur WhatsApp)


