Présidentielle au Bénin : Après la fumée blanche, le feu du parrainage à éteindre chez LD

Après plusieurs jours de tractations internes, parfois tendues, Les Démocrates (LD) ont enfin levé le voile sur le duo qui défendra leurs couleurs à la présidentielle de 2026. À l’issue d’un Conseil national marathon, tenu dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 octobre, le parti a désigné Me Renaud Agbodjo, avocat au barreau du Bénin, comme candidat à la magistrature suprême, avec Jude Lodjou comme colistier pour la vice-présidence. Une fumée blanche tardive, mais symbolique, saluée par les partisans comme un signe d’unité retrouvée après des jours de négociations éprouvantes.

Le parrainage, talon d’Achille du parti

Cette annonce, pourtant décisive, ne dissipe pas les nuages. Car à la veille de la clôture du dépôt des candidatures, prévue pour ce mardi 14 octobre, un sérieux obstacle menace la participation du parti d’opposition au scrutin : le parrainage. Le député Michel François Oloutoyé Sodjinou, en conflit ouvert avec la direction, a obtenu gain de cause devant la justice. Par ordonnance de la Cour d’appel de Cotonou rendue le lundi 13 octobre 2025, le président du parti, Thomas Boni Yayi, a été contraint de lui restituer le formulaire de parrainage qui lui avait été délivré par la Commission électorale nationale autonome (Céna).

Cette restitution, juridiquement impérative, prive le parti d’un précieux soutien parlementaire. Or, la loi fixe à 28 le nombre minimum de parrainages nécessaires pour valider un dossier de candidature. Si l’ancien chef de l’État se conforme à la décision de justice, Les Démocrates n’en disposeront plus que de 27 — un déficit d’un seul parrainage, mais suffisant pour bloquer tout espoir de participation.

Les options limitées de Boni Yayi

Comment alors combler ce manque en moins de vingt-quatre heures ?
Les pistes semblent étroites et politiquement délicates. La première, celle d’un rapprochement tactique avec la mouvance présidentielle, suscite autant d’interrogations que de réticences. Des voix évoquent la possibilité d’un contact avec Paul Hounkpè, secrétaire exécutif national du parti au pouvoir, dans un scénario où prévaudrait la logique de stabilité institutionnelle. Mais un tel geste serait lourd de symboles et risquerait d’être interprété comme une compromission.

En réalité, le paysage politique actuel ne compte aucun élu indépendant susceptible d’apporter ce parrainage manquant. Dans un système verrouillé par les formations représentées au Parlement et dans les mairies, l’opposition ne peut compter que sur des alliances politiques improbables ou des gestes d’ouverture rarissimes.

Le spectre de 2021 plane encore

Cette situation rappelle douloureusement le scénario de 2021, année où le même parti s’était retrouvé hors course faute de parrainages. À l’époque, Reckya Madougou, candidate désignée des Démocrates, avait vu sa candidature rejetée faute d’avoir réuni les signatures exigées des députés et maires.
Ces parrainages, alors largement contrôlés par les partis de la mouvance présidentielle, avaient fermé la porte à toute véritable compétition électorale. Quelques semaines plus tard, Reckya Madougou était arrêtée, puis condamnée à 20 ans de réclusion pour “financement du terrorisme”, une affaire qui continue de diviser l’opinion.

Ironie du sort, Me Renaud Agbodjo, le nouveau candidat désigné pour 2026, fut justement l’avocat de Reckya Madougou durant ce procès. Son entrée en lice porte donc une forte charge symbolique, celle d’une revendication de continuité politique et de justice interrompue.

Un test décisif pour Les Démocrates

À l’heure où la Céna s’apprête à fermer le guichet des candidatures, le parti de Boni Yayi joue son avenir politique immédiat. S’il échoue à obtenir le parrainage manquant, Les Démocrates risquent de revivre le même scénario qu’en 2021, celui d’un grand parti d’opposition réduit au rôle de spectateur. Mais s’ils parviennent à franchir cet obstacle in extremis, ce sera le signe d’une maturité politique nouvelle et d’une volonté d’en découdre sur le terrain électoral. En attendant, le temps file, et la fumée blanche sortie du Conseil national risque de s’évanouir dans les incertitudes d’un parrainage encore introuvable.

1 réflexion au sujet de « Présidentielle au Bénin : Après la fumée blanche, le feu du parrainage à éteindre chez LD »

  1. 1. Qu’ils fassent, si ce n’est déjà fait, appel de la décision immédiatement, en espérant que celle-ci soit suspensive…même si on est en droit d’imaginer qu’au vu des agissements des décideurs, il n’aurant pas droit à une célérité similaire.

    2. Je ne sais pas ce que dit la loi si le parti banni le député horla…si cela est possible et permet au parti de récupérer son parrainage pour le compte du suppléant…

    3. Prier…parce qu’avec ce que je vois, ce combat n’est pas juste politique, ou judiciaire…il est spirituel.

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