La société Areva revient sous les projecteurs judiciaires en France, cette fois pour sa responsabilité dans la sécurité de ses employés à Arlit, au Niger, à la suite des événements survenus en 2010. L’ouverture d’un procès montre les responsabilités des entreprises face aux risques auxquels sont exposés leurs salariés, même des années après les incidents.
Des alertes ignorées et des failles critiques
Les enquêtes ont montré que le site d’Arlit présentait des failles importantes en matière de sécurité. Les logements du personnel européen n’étaient pas protégés par des clôtures, aucun dispositif d’alerte n’était en place et aucun plan d’évacuation n’avait été prévu en cas d’intrusion. Pourtant, les autorités locales avaient signalé des risques et recommandé des mesures concrètes, comme le transfert du personnel vers Niamey ou une surveillance accrue des sous-traitants, rapporte Le Parisien. Ces avertissements sont restés sans suite, malgré les risques identifiés liés aux menaces posées par AQMI.
Le manque de mesures de protection appropriées a eu des répercussions graves. Areva est aujourd’hui poursuivie pour « blessures involontaires » pour ne pas avoir garanti la sécurité de ses employés, soulevant des questions importantes sur la responsabilité juridique des entreprises exerçant dans des zones exposées aux risques.
Quand Arlit bascula : l’enlèvement de 2010
Le procès souligne un événement précis : l’enlèvement, en septembre 2010, de cinq Français, un Malgache et un Togolais près de la mine d’uranium d’Arlit. Ces employés d’Areva et de sa filiale Satom ont été capturés dans des habitations vulnérables. L’infiltration des terroristes avait été repérée plusieurs jours auparavant, et des recommandations d’évacuation avaient été formulées, mais non appliquées.
Après plusieurs mois de captivité, Françoise Larribe, malade, ainsi que les otages malgache et togolais, ont été libérés en février 2011. Les quatre Français restants ont été retenus jusqu’en octobre 2013, soit plus de trois ans de détention, soulignant à quel point l’absence de mesures de sécurité avait exposé les salariés à un risque extrême.
Aujourd’hui, cette affaire judiciaire interroge sur la manière dont les entreprises évaluent et gèrent les risques pour leurs employés à l’étranger. Elle pourrait servir de précédent pour renforcer les normes de sécurité et responsabiliser les sociétés exploitant des sites sensibles, soulignant que la prévention des menaces ne peut se limiter aux alertes écrites, mais doit se traduire par des mesures concrètes et efficaces.



