Bénin : A quoi aspire réellement la Résistance Nationale de Candide Azannaï ?

Au Bénin, la scène politique est dominée par le face-à-face, parfois tendu entre la mouvance présidentielle — incarnée par le régime de la Rupture du Président Patrice Talon — et une opposition institutionnalisée, notamment Les Démocrates. Pourtant, en marge de cette dualité classique émerge une voix dissonante, celle de l’ancien ministre Candide Azannaï, fer de lance de la Résistance nationale du Bénin. Ni simple opposant, ni allié de la majorité, ce mouvement se positionne comme une troisième voie énigmatique, soulevant une question cruciale : à quoi aspire concrètement cette résistance et quelle est sa feuille de route pour le Bénin ? Le parcours de Candide Azannaï est indissociable de sa rupture spectaculaire avec le pouvoir. Ayant été un acteur clé du début de l’ère Talon, il a quitté le navire de la rupture dès mars 2017. Depuis lors, il s’est mué en un critique acerbe, voire l’un des plus farouchement opposés au régime en place. Sa ligne d’opposition, la Résistance nationale, est née d’une volonté affichée de remettre en cause la méthode de gouvernance et les réformes politiques entreprises depuis 2016. Aux premières heures de sa croisade, Azannaï bénéficiait de l’onction d’une large partie de l’opposition. Cependant, avec le temps et l’évolution des stratégies de lutte, il s’est retrouvé de plus en plus isolé. Ce schisme s’est notamment opéré avec le principal parti d’opposition, Les Démocrates, dirigé par Éric Houndété à l’époque, dont l’ancien Président Boni Yayi a repris les rênes lors du congrès d’octobre 2023. Candide Azannaï n’a, semble-t-il, plus l’onction de cette formation qui a fait le choix du terrain électorale. Néanmoins, la Résistance continue de se structurer à la marge. L’annonce de l’adhésion officielle de la Coalition Bénin Debout-Vague orange de Sabi Sira Korogone, marque une étape dans la consolidation de ce mouvement, dont le siège est celui du parti Restaurer l’Espoir (RE). Cet acte d’adhésion, intervenu le 24 septembre 2025, signale que, malgré son « isolement » relatif, la Résistance nationale cherche activement à élargir sa base en ralliant des forces politiques périphériques.

Un objectif radical, une méthode contestée

L’aspiration principale de la Résistance nationale comme l’opposition en général demeure le changement de régime. Le mouvement de Candide Azannaï estime que le Bénin traverse un malaise profond. Selon lui, la légitimité du pouvoir en place est remise en cause et seule une transformation en profondeur pourrait permettre de renforcer la démocratie béninoise. Mais c’est sur la méthode pour y parvenir que le leader se distingue et sème la confusion, y compris parmi les siens. Candide Azannaï exige une « résistance » au régime. Il rejette explicitement les « marches », et, plus fondamentalement, il est hors de question de chercher l’alternative dans les urnes. Cette posture paradoxale est au cœur des critiques. Pour une partie de l’opinion et de l’aile dure de l’opposition, cette stratégie de « résistance » sans participation électorale manque de clarté. Les plus critiques, n’hésitant pas à le prendre pour une « taupe » du régime, estiment que cette approche est contre-productive pour l’opposition.

Le refus des urnes

Pour Candide Azannaï, le fossé avec le parti Les Démocrates s’est creusé au moment des élections législatives de janvier 2023. Il a vertement critiqué cette formation, la qualifiant de « prolongement de la mouvance présidentielle ». Son raisonnement est le suivant : les conditions d’une compétition électorale équitable n’étant plus réunies selon lui, participer aux élections revient à légitimer un processus jugé « vicié » et à donner un « semblant de pluralisme ».

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