La trajectoire de Mikhaïl Kokoritch montre celle d’un ingénieur passé de la conquête spatiale à la guerre des airs. Cet entrepreneur russo-suisse, exilé depuis plus d’une décennie, revendique aujourd’hui la fabrication de milliers de drones destinés à soutenir les forces ukrainiennes. Derrière ses ambitions technologiques, il assume ouvertement une opposition frontale au Kremlin, allant jusqu’à affirmer vouloir contribuer à affaiblir le pouvoir russe par la supériorité technologique.
Des laboratoires sibériens à l’industrie des drones
Installé en Suisse après avoir quitté la Sibérie en 2012, Kokoritch dirige aujourd’hui Destinus, une entreprise d’aéronautique connue à l’origine pour ses recherches sur les avions hypersoniques. La société affirme produire chaque année près de 10 000 drones et prévoit une méga-usine en France pour porter la cadence à 100 000 unités. Ces appareils, les modèles Lord, Ruta et Hornet, peuvent servir à la reconnaissance, à l’interception ou à des frappes de précision.
Selon lui, ces drones constituent un outil essentiel pour l’Ukraine, tant pour surveiller les lignes de front que pour compenser le manque d’équipements occidentaux. L’entrepreneur assure que l’innovation et la production européenne peuvent transformer le rapport de force militaire, tout en créant des emplois dans des filières technologiques de pointe.
Un opposant devenu symbole technologique
Physicien de formation, Kokoritch s’était déjà fait un nom dans le domaine spatial avant de se heurter aux restrictions américaines sur les technologies sensibles. Contraint de quitter les États-Unis après avoir fondé la société Momentus, il s’est tourné vers l’Europe, où il a consolidé ses projets autour de l’hydrogène et des systèmes autonomes.
Connu pour ses positions critiques envers Vladimir Poutine, il a renoncé à la citoyenneté russe et rejoint le Comité russe anti-guerre, un collectif d’exilés dénonçant la politique du Kremlin. Son parcours d’opposant politique s’entremêle désormais à sa stratégie industrielle : en livrant des drones à Kiev, il combine conviction personnelle et innovation technologique.
Cette convergence entre idéologie et ingénierie fait de lui une figure singulière dans le paysage européen : un entrepreneur qui mobilise la science au service d’un combat politique, tout en affirmant vouloir bâtir une industrie européenne indépendante des grands complexes militaires. Ses projets d’expansion en France, s’ils se concrétisent, pourraient placer le pays au cœur d’un réseau de production stratégique en pleine croissance.
Kokoritch évoque rarement ses motivations intimes, mais ses choix professionnels traduisent une ligne claire : mettre la technologie au service de la souveraineté et de la résistance. Qu’il s’agisse de propulsion hypersonique ou de drones de nouvelle génération, son entreprise semble être devenue un prolongement de ses convictions. En associant innovation et engagement, Mikhaïl Kokoritch défie Poutine non par les armes directes, mais par la mécanique du progrès.




Mikhaïl Kokoritch: Surveille avec attention à l’oeil d’épervier tes va-et-vient, car Poutine détient beaucoup d’outils de nuisance dans sa boîte d’outils de bricoleur.
Ca s’arrange pas, hein ?