Au CeRPA Mono-Couffo (anciennement Carder), le personnel d’encadrement des maraichers de cette région du Bénin est le public cible d’un atelier de formation qui a pris fin hier, au terme de deux journées d’intenses activités. L’utilisation des pesticides chimiques acceptés dans l’agriculture africaine, se pose ensuite la question de leur utilisation rationnelle. Dans les pays africains tropicaux dont le Bénin, les insectes nuisibles et les pathogènes s’attaquent aux cultures vivrières.
Ils demeurent la contrainte majeure à la production agricole, étant les principaux ravageurs des récoltes, notamment celles des cultures maraîchères. Pour remédier à la situation, les paysans producteurs croient judicieux de se lancer dans une utilisation, en général, abusive et non contrôlée des pesticides; lesquels sont d’ailleurs dangereux, parce que toxiques. De ce point de vue, des problèmes environnementaux dont la pollution des écosystèmes et des éléments biologiques ainsi que des questions de santé publique, se posent.
En ouverture aux travaux de l’atelier, le représentant de FAFA, M. Christian Houénou, a dit qu’ «actuellement le taux de toxicité dans les aliments est trop élevé, surtout dans les cultures maraîchères, et nuit dangereusement à la santé de l’homme». Son organisme «est donc amené à engager une lutte contre le fait, en partenariat avec le Conseil régional des Maraichers et le CeRPA Mono-Couffo, par le biais de la Direction de la Règlementation et du Contrôle». Il s’agit pour eux, entre autres, de faire le point des pesticides dans la région, d’identifier les vendeurs et les circuits de commercialisation en vue d’envisager des méthodes de lutte contre l’utilisation abusive de ces pesticides. Ainsi, une alternative de solutions qui règlent définitivement le problème devrait être proposée».
En attendant, Mme Aminata Yessoufou Ly, médecin de santé et communicateur de l’atelier a évoqué «les risques sanitaires de l’utilisation de ces produits sur la vie humaine et celle de la faune et de la flore». En déplorant, le phénomène, elle cite les conséquences sur la circulation du sang, les appareils respiratoire et digestif ainsi que sur la peau. Certains troubles neurologiques trouvent aussi leur source dans la mauvaise manipulation des pesticides chimiques, ajoutera-t-elle.
On estime chaque année, 1 à 5 millions de cas d’empoisonnements aux pesticides, entraînant la mort de plusieurs milliers de travailleurs agricoles (dont les enfants) dans les pays du Sud. Bien que les pays africains importent moins de 10% des pesticides utilisés dans le monde, ils totalisent la moitié des empoisonnements accidentels et plus de 75 % des cas mortels, d’après les enquêtes établies par l’OMS. Près de 750 000 personnes contractent chaque année une maladie chronique telle qu’un cancer suite à une exposition à des pesticides, des atteintes nerveuses, la stérilité et les malformations, etc.
Bien que les pays en développement ne concentrent que 20% de l’ensemble des produits chimiques utilisés dans l’agriculture, ils totalisent plus de 99% des décès dans le monde suite aux empoisonnements par les pesticides. Et ces conséquences rejaillissent, le plus souvent, sur les couches vulnérables, en particulier les femmes aux revenus précaires, précise Mme Sounkoura Sidibé Adétonah, la directrice exécutive de l’Ong Gaproffa, initiatrice de l’atelier de formation de Lokossa.
Ce dernier s’inscrit dans une vision globale de réduction de l’utilisation des pesticides chimiques en agriculture. Plus spécifiquement, les agents de vulgarisation agricole sont ciblés pour être sensibilisés sur les externalités de produits chimiques et des solutions alternatives.
Ils ont pu être formés sur les bonnes pratiques de gestion des produits chimiques et des alternatives développées par les centres de recherche. En fin d’atelier, des attestations leur ont été distribuées et les récipiendaires, environ la quarantaine, ont pris des engagements fermes de refléter les enseignements ainsi reçus là où il faut et à qui de droit.
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