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Dans les rues de Gbégamey à Cotonou: en contrat de sexe avec des prostituées

(Témoignages exclusifs et poignants) Bénin – Gbégamey, un quartier populaire de Cotonou, draine davantage de prostituées dans certaines de ses rues, à la tombée de la nuit. La période des vacances est plus propice pour beaucoup de filles élèves et étudiantes qui concluent des formes de contrats d’abonnement avec des clients.

Samedi 08 juillet 2011. Il sonne 20 heures. Une dizaine de prostituées se font déjà remarquer sur les lieux. Il y en a qui dissimulent derrière les poteaux électriques à chaque jeu de phare. D’autres se hissent au bord de la voie, apparemment insensibles au regard moqueur des passants. La grande voie pavée longeant le Collège d’enseignement général de Gbégamey change ainsi de monde, quand la nuit tombe. En plus des usagers habituels, d’autres catégories de personnes l’envahissent. Elles sont jeunes pour la plupart. Mais on y rencontre aussi des femmes adultes, dépassant souvent la quarantaine, leur tenue extravagante et ultra sexy. Côté clientèle, les âges et les nationalités s’enchainent souvent. 20h 45. Un Libanais se pointe, à bord d’une petite Mercedes, couleur grise. Il s’appelle Ali, la trentaine environ et s’en défend, sans gêne: «C’est un plaisir qui aide à absorber le stress après une longue journée de travail». Smith, un jeune Nigérian aussi s’amène. «C’est le moyen le plus facile d’avoir un rapport avec une très belle femme de son choix, à bas prix», avoue-t-il. Panafricaniste sexuel ou obsédé de haut niveau? «Je veux faire le tour de l’Afrique de l’Ouest, sur place à travers ces jolies nanas», lâche–t-il, pressant les pas vers l’une d’elles. Ils échangent tout bas quelques mots. Puis, le jeune Nigérian appelle un Zém ou taxi-moto. Direction: un hôtel du coin. Il monte avec la fille, apparemment satisfaite du montant proposé. Puis, le Zém démarre. Smith jette un coup d’œil derrière et fait un «V» de la victoire avec ses doigts.

43 ans, profession prostituée depuis 20 ans

Samira, une Togolaise de 43 ans environ, est une ancienne des lieux. Elle confie avoir parcouru plusieurs autres «coins chauds» de Cotonou, avant d’atterrir ici, il y a exactement 5 ans. «Je vis de ce métier depuis une vingtaine d’années», lâche-t-elle aussi, enthousiaste. Elle se donne ses propres raisons. C’est le seul moyen, dit-elle, pour subvenir à la scolarité de ses enfants, depuis la mort de son mari. «Mon fils ainé est en fin de formation de gestion d’entreprise à Dakar. Je dois tout faire pour qu’il soutienne sans difficultés financières», se promet-t-elle.

Dora, une Béninoise de 38 ans est plus ouverte. Les prix qu’elle propose aux clients pour la passe, varient entre 5000 et 10 000Fcfa. Tout dépend de la manière dont la négociation a été conduite. Il arrive qu’elle accepte moins, parfois 2000FCfa. «Chaque client est traité selon le prix qu’il a payé. Celui qui paye une petite somme est d’office privé de caresses», martèle Dora. Certaines prostituées affirment ne plus porter de sous-vêtements quant elles sont au «boulot». Vivianne, 24 ans s’en explique: «Nous sommes souvent pressées de satisfaire nos clients, pour en prendre d’autres en un temps record ». Jusqu’à 20 hommes en une seule nuit, selon d’autres prostituées.

65 jeunes filles sous la tutelle d’une grande prostituée

Parmi elles, nombreuses n’y viennent par de leur propre gré. Tout est question de réseau. Affiavi, 40 ans, d’origine togolaise, déclare avoir déjà recruté 65 jeunes filles qu’elle exploite dans l’activité, moyennant un salaire mensuel qu’elle verse à chacune d’elles. Elle s’accapare donc de tous les butins quotidiens. «J’ai des relations, parce que j’exerce ce métier depuis 15 ans. J’envoie parfois mes filles mettre mes clients à l’aise, et après elles sont rémunérées». Sandra, une jeune fille de 27 ans d’origine Congolaise est la présidente d’un groupe appelé «The High Class Babies», ce qui signifie les «filles de classe supérieure». Elles seraient sous abonnement et payées par mois par les clients dont la plupart sont des Libanais, expatriés, artistes et autres. L’abonnement est fait après une analyse de sang à l’hôpital pour vérifier leur séronégativité, à-en croire Sandra. «Je préfère les Libanais parce qu’ils connaissent la valeur de notre métier. Ils sont des sponsors de classe», avoue pour sa part la Nigériane Linda, 19 ans.

Pendant la période des vacances, plusieurs jeunes filles, des élèves en général quittant divers pays pour rendre une visite à une sœur, tante, cousine et autres relations, se lancent également dans cette activité. A l’abri des regards indiscrets. C’est le cas de Tania, âgée de 17 ans qui passe en terminale cette année. «Je suis venue à Cotonou pour passer mes vacances, dans l’intention d’avoir quelques sous auprès d’elle pour ma scolarité. Mais à ma grande surprise, elle me fait comprendre que je suis assez grande pour exercer ce métier. Dès lors, pour ne pas mettre fin à mes études, j’ai suivi ses conseils», raconte-t-elle.

Comme dans tout commerce, la concurrence se fait également rude ici à Gbégamey entre prostituées. Les services des marabouts sont souvent sollicités par quelques unes pour attirer beaucoup plus de clients, selon leurs propres témoignages.

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