Bien que prévue par la loi, la procédure de suspension du maire de Cotonou ne pourrait faire long feu. Avec la précipitation qui l’a caractérisée et l’arsenal militaire déployé pour la perquisition, on a plus l’impression d’être face à une persécution politique qu’un projet sincère de reddition de comptes.La Nouvelle Tribune avait annoncé en manchette de son numéro du vendredi 28 juillet 2017 : « Audition du maire de Cotonou à la préfecture : Une procédure disciplinaire expéditive contre Léhady Soglo ; il risque la suspension ou la révocation ». Le journal avait donc prédit le sort du maire de Cotonou au regard de la loi, … à Léhady Soglo de se défendre. Tout a été plié en quelques heures.
A peine le Conseil départemental de concertation et de coordination (Cdcc) avait-il fini de l’écouter que le ministre de la décentralisation Barnabé Dassigli a pris l’arrêté de sa suspension. Et aussitôt, un arsenal militaire digne d’une « opération commando » a été déployé autour de sa maison sise aux encablures de l’hyper marché Erevan. Presque tout le quartier a été militarisé afin de cueillir à froid le maire, une fois de retour de la préfecture. Comme l’a affirmé le garde des sceaux, une autre enquête avait été ouverte contre lui, suite à un rapport d’audit sur la gestion de la mairie.
Mais Léhady Soglo va échapper à ce dernier guet-apens grâce à sa propre habilité et à la mobilisation spontanée des populations devant sa maison. C’était la même mobilisation qui avait sauvé Patrice Talon (alors en conflit avec Boni Yayi), Candide Azannaï et Sébastien Ajavon, des griffes d’une arrestation politique arbitraire. Ce vendredi, le gouvernement a fini par se dévoiler dans ce plan de déstabilisation de Léhady Soglo.
En effet, comment comprendre la brutalité observée dans la procédure de suspension. Convoqué 2 jours à l’avance pour une audition au menu incertain, la raison n’étant pas mentionnée, il va subir un interrogatoire de dix questions. Selon la loi, l’audition devrait être suivie d’une réponse écrite adressée au conseil. Mais cette étape a été sautée afin de permettre au ministre de la décentralisation de prendre son arrêté au plus vite, juste quelques minutes après.
Flambée d’une pratique anti-démocratique
Si les charges retenues contre Léhady Soglo sont peu être avérées et que la loi autorise la suspension d’un maire, la brutalité observée dans la procédure laisse à désirer. Conduire deux procédures, une administrative et une judiciaire, contre la même personne et de façon concomitante, les vicier avec tous les abus, dénotent à la fois d’un acharnement et d’un déni des principes démocratiques. Comment on peut envoyer autant de policiers chez une seule et même personne, pour une simple perquisition et oser dire que gouvernement n’est impliqué en rien ? Comment suspendre un maire aussi vite sans laisser penser qu’on lui en veut ?
A travers les propos du ministre Djogbénou(lire ici) dont certains arguments sont battus en brèche par Me Bocovo, il est évident que l’opération a été conçue pour liquider politiquement Léhady Soglo. La même stratégie fut observée contre Sébastien Ajavon. On se base sur des alibis pour déstabiliser un acteur politique gênant, avec chaque fois le même discours qui consiste à demander le respect des lois et de l’indépendance de la justice. C’est cela la gouvernance par la ruse, nouveau crédo du gouvernement.
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