Le chef de l’Etat béninois Patrice Talon est dans la dynamique de développer le Bénin au cours de son mandat. Louable initiative d’ailleurs, appréciée des Béninois qui veulent voir leur pays décoller économiquement et connaitre une transformation infrastructurelle. Pour ce faire, le gouvernement invite la population à un minimum de sacrifices. Mais cette invite aurait du sens si le chef de l’Etat et les membres du gouvernement, commençaient eux-mêmes par montrer le bon exemple, ce qui n’est pas du tout le cas.
Le président de la République conditionne le développement du Bénin au sacrifice de chaque citoyen. Patrice Talon a en effet martelé à plusieurs occasions que le peuple Béninois devra se sacrifier pour que le pays avance. Et avec la dose importante de réformes mises en œuvre dans différents secteurs d’activités, le choix du sacrifice s’est désormais imposé à l’économie informelle, mais aussi aux agents de l’Etat qui sont réduits à leur salaire. Il n’y a plus ‘’d’à côté’’ éventuel qui faisait grossir les revenus mensuels des agents selon les propos du député Jean-Michel Abimbola, coordonateur du Bloc de la majorité parlementaire.
« Cela va faire de l’économie à l’Etat », a soutenu le député sur Canal 3 ce mardi, justifiant la politique de réformes du chef de l’Etat qui attire ‘’les députés soumis’’, comme ils sont appelés. Le chef du gouvernement avait également annoncé les prémices de ce sacrifice en demandant au peuple depuis le nord, au début de son mandat, ‘’de serrer les ceintures’’, sous le prétexte que tout rentrera dans l’ordre après un ou deux ans de sa gouvernance.
Les exigences du sacrifice présidentiel
Le sacrifice que le président de la République demande aux citoyens, passe par l’acceptation des mesures devant contribuer à la construction du Bénin. Il ne devrait pas avoir de résistance aux réformes envisagées par le chef de l’Etat. Personne ne devrait s’en plaindre comme il l’a notifié aux sinistrés de Glo-Djigbé, venus l’écouter ce vendredi 23 février 2018 au palais de la Marina. « Je ne fais que ce que j’ai dit », a expliqué le président de la République à ses compatriotes qui s’étonnent de la manière avec laquelle il tient tout le peuple, réduit au silence malgré l’intensité de la crise sociale. Les opérations de déguerpissement, l’augmentation des taxes douanières pour certains produits de grande consommation, les pressions fiscales pour les sociétés et entreprises privées, l’interdiction de la vente à la sauvette, la restriction des libertés à travers l’interdiction des marches, ce que les syndicats appellent la violation des libertés, la réduction du nombre d’agents de l’Etat qui a conduit au licenciement de milliers de jeunes au ministère de l’agriculture, la concurrence déloyale que les sociétés d’égrenage de coton et de transport logistique appartenant au groupe Talon et ses proches mènent avec les autres acteurs du système selon une enquête de l’Agence France presse,… sont autant de sacrifices.
Les citoyens devront en consentir davantage aux fins du développement du Bénin. Et c’est au nom de ce sacrifice que l’Etat a réquisitionné le domaine de Glo-Djigbé chez les propriétaires terriens, en leur proposant des montants dérisoires à titre d’indemnisation. Le chef de l’Etat a condamné les différents soulèvements enregistrés dans ce cadre, indiquant que cela ne les honore pas. Mieux, il a fait savoir que les sinistrés pouvaient sacrifier leurs terres gratuitement à l’Etat au nom du développement. On peut pourtant imaginer le pouvoir d’achat de ces gens dépossédés de leur terre, terre qui constitue une richesse inestimable. Que laisseront-ils en héritage à leur progéniture ? Visiblement ils ne devraient pas s’en préoccuper mais accepter le sacrifice pour l’érection de l’aéroport, parce que ‘’l’Etat n’a pas de moyens’’ pour dédommager son peuple, affamé du fait des réformes politiques, économiques, institutionnelles, sociales…
L’exemple qui manquait
En demandant aux citoyens de consentir au sacrifice, le gouvernement devrait montrer l’exemple. Si pour l’opinion nationale et internationale les secteurs d’activité notamment le coton et le port, où l’homme d’affaires a fait fortune fonctionnent sans répit contrairement à d’autres, bénéficiant également des avantages du ministère de l’Economie et des Finances, il y a lieu de s’interroger sur le devenir des pauvres béninois, transformés de fait en ‘’faux-resquilleurs’’. Le salaire des collaborateurs de ministres grimpe, celui des ministres est gardé secret, malgré les interpellations de certains députés.
Et si dans la logique du sacrifice commun les ministres consentaient d’accorder une partie de leur rémunération pour la construction du Bénin, et si le chef de l’Etat mettait sa fortune au service du Bénin, et si le port sec d’Allada revenait dans le giron de l’Etat, cessant toute concurrence avec le port de Cotonou… ? Autant de questions qui restent sans réponse
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