Le Programme d’Action du Gouvernement (Pag), comporte d’importants et ambitieux projets devant assurer le développement du Bénin. Le gouvernement dans son ensemble a demandé avec force aux béninois de soutenir ce document, dont la mise en œuvre créerait de la richesse et de l’emploi dans tous les secteurs socioéconomiques, culturels et touristiques de notre pays. Mais aujourd’hui, les grands projets devant permettre d’atteindre cet objectif sont systématiquement confiés aux entreprises françaises, au détriment des entreprises béninoises. Le Président Patrice Talon défend alors plus les intérêts de la France qu’autre chose, tournant le dos à ses compatriotes qui l’ont porté au pouvoir.
Le Bénin est un petit pays d’Afrique de l’Ouest aux ressources naturelles limitées. Ce fut une colonie française qui a marqué le monde entier par son histoire et son intelligentsia. Ce pays a l’ambition de se hisser au rang des grands pays d’Afrique et du monde, mais la politique de développement appliquée jusque-là est l’un des freins à son émergence. C’est donc pour mettre fin aux pratiques malsaines instaurées en règles, que le peuple béninois a porté le Candidat Patrice Talon au pouvoir le 06 avril 2016. La campagne pour la présidentielle de 2016 a été très mouvementée.
Le candidat malheureux Lionel Zinsou alors perçu comme un espion français qui, après sa prise de pouvoir allait livrer le Bénin à la France pour sa recolonisation, était qualifié d’antipatriote. Le candidat Talon, au cours du débat télévisé d’entre deux tours sur l’Ortb, avait d’ailleurs publiquement déclaré que Zinsou n’est qu’un Français n’ayant aucune idée du Bénin et des préoccupations des Béninois.
L’ancien Président Nicéphore Dieudonné Soglo aussi, avec son bâton de pèlerin, parcourait villes, villages et hameaux, pour annoncer que Lionel Zinsou était un bras armé de la France-Afrique, et que sa prise de pouvoir signifierait la recolonisation du Bénin. Une manipulation grotesque pour masquer les liens étroits et douteux que ces acteurs politiques entretiennent avec la politique africaine de la France, qui consiste à profiter grassement des africains en les abandonnant dans la misère et la pauvreté.
Les contrats mielleux de Talon à la France
La première visite officielle du Président Talon en France en 2016, a vite révélé ses intentions. Après sa sortie de l’audience avec le Président Français François Hollande, il déclarait sur le perron de l’Elysée que le Bénin est comme un désert de compétences, et qu’il irait acheter les compétences françaises, quel qu’en soit le prix. Une annonce qui avait suscité le tollé général au Bénin, en Afrique et dans le monde.
Aux yeux de l’élite intellectuelle africaine et des acteurs de développement, les Béninois ont toujours constitué des compétences qualifiées et avérées, ayant développé plusieurs secteurs vitaux des pays d’Afrique centrale et de l’Ouest. Il était inimaginable pour des observateurs africains et occidentaux que le Président Talon considère aujourd’hui son pays comme un désert de compétences. Or, le plan du chef de l’Etat béninois était de préparer psychologiquement ses compatriotes, à accepter les marchés de gré à gré qu’il aurait à offrir aux entreprises françaises.
Depuis, c’est le déferlement des entreprises françaises dans les secteurs essentiels de la vie de notre pays. L’aéroport international Cardinal Bernadin Gantin de Cotonou est désormais dans les mains de la Société des Aéroports de Paris, le Centre National Hospitalier Universitaire Hubert koutoukou Maga de Cotonou est géré par les Hôpitaux de Paris, le Cabinet français Deloitte s’est occupé des audits dans les sociétés d’Etat et du recensement des agents de l’Etat. Les travaux technologiques du Recensement Administratif à Vocation d’Identification de la Population (Ravip), sont confiés à la société Safran décriée un peu partout en Afrique. Une partie de la construction de l’aéroport de Glo Djigbé est confiée à la France… Et comme si cela ne suffisait pas, l’audience que le Président français Emmanuel Macron a accordée au Président Patrice Talon le lundi 05 mars 2018 à Paris, a certainement permis d’accélérer aujourd’hui la ruée des entreprises françaises sur le Bénin.
Quelques jours seulement après sa visite officielle en France, le Président Talon octroie des marchés de construction de musées aux cabinets français, notamment l’Atelier Valence-Loutati, pour la construction du Musée de l’épopée des rois d’Abomey et de l’arène des vodoun non masqués ; l’Agence Françoise N’Thepe pour le projet de construction du Musée Esclavage, Résistance et Mémoire Toussaint Louverture d’Allada ; l’Agence d’architecture ZUO Montpellier pour le projet de construction du Musée international des arts et civilisations du Vodoun / Orisha, et de l’arène des Vodoun masqués de Porto-Novo ; EREMCO pour la construction à l’identique de la cité historique de Ouidah et la construction de la Marina/Porte du non retour ; LES CRAYONS pour la scénographie et l’éclairage muséal sur les projets d’Abomey, d’Allada et de Porto-Novo, ainsi que les équipements culturels et touristiques de Ouidah et de la Marina
. Aussi, la construction de l’hôpital d’Abomey Calavi au standard européen, est confiée à la société Bouygues International. D’un coût de 115 milliards de Fcfa, cet établissement sanitaire aura une capacité de 430 lits. Pendant ce temps, la Chine a financé un grand hôpital récemment au Niger, d’un coût de 45 milliards de Fcfa et doté de 500 lits. En réalité, quelles seront la nature et la qualité des infrastructures que les entreprises livreront au Bénin ?
Quel est le sort des entreprises béninoises ?
Le régime du Président Talon a mis à l’écart les entreprises béninoises dans la réalisation des grands projets contenus dans le Programme d’Action du Gouvernement (Pag). Le chef de l’Etat privilégie les entreprises étrangères notamment françaises, qui se déplacent au Bénin avec leurs ingénieurs, leurs techniciens et leurs ouvriers pour des contrats mirobolants qui donnent le tournis aux jeunes diplômés sans emplois béninois , pourtant plus que qualifiés.
Les rares entreprises béninoises associées aux travaux réalisés par les entreprises françaises, ont un rôle de spectateur ou de garçon de course. Or, les entreprises béninoises ont des compétences et l’expérience requises pour exécuter les grands travaux du Pag. Dans le même temps, ces entreprises béninoises ont des charges et payent des impôts et des taxes régulièrement à l’Etat, sans pouvoir bénéficier des avantages de leur propre pays.
Ce faisant, le chef de l’Etat Patrice Talon empêche le développement des entreprises locales qui sont alors vouées au suicide collectif. Son attitude consiste à protéger les intérêts des français au détriment de ceux de ses propres concitoyens. Bien dommage pour ce personnage qui a suscité tant d’espoir
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