Le Président Béninois Patrice Talon, est rentré au bercail après une visite de travail auprès de son homologue français Emmanuel Macron.Dans sa valise, le soutien obtenu du président français aux réformes désapprouvées par le peuple béninois. Plusieurs faits étonnent dans ce déplacement de Patrice Talon, et le bon sens exige que l’on se pose la question de savoir si Emmanuel Macron est sincère avec le compétiteur né.
Les nombreux observateurs de la vie politique nationale et internationale qui affirmaient que le Président Patrice Talon n’est pas un ami de la France, ne se sont pas trompés. Les faits qui se succèdent depuis leur donnent pleinement raison. La visite ratée de Patrice Talon l’année dernière est un événement unique, surprenant dans le monde de la diplomatie béninoise et internationale. Et même si le locataire du Palais de la Marina n’a pas voulu reconnaître qu’il était indésirable à Paris, cet incident diplomatique a immanquablement affecté les relations de coopération et de partenariat entre la France et le Bénin.
Le Président Talon a essayé d’aplanir les malentendus, mais il reste encore beaucoup à faire pour que le Bénin retourne dans le cercle privilégié des pays africains amis de la France. Pour preuve, la dernière visite de Talon dans l’Hexagone n’a pas été une grande préoccupation de la presse française, comme c’est souvent le cas pour les autres présidents. Aussi, le tapis rouge qui est un signe de haute considération pour les hôtes de marque n’a pas été déroulé pour accueillir le Président du Bénin.
L’habituelle et nécessaire accolade de l’homologue français qui devrait être un signe d’affection et d’amitié entre les deux hommes d’Etat, a également manqué. Les deux présidents se sont simplement serré les mains. C’était un déplacement sans enthousiasme, sans chaleur, une véritable mise en scène pour cacher le dédain que l’un a pour l’autre. Mais le Président du Bénin n’a pas compris que la France était dans un jeu d’hypocrisie avec lui. Il était bien seul à exprimer sa joie d’avoir effectué cette visite, comme si c’est un exploit… Patrice Talon déclarait à sa sortie d’audience : « Vous imaginez dans quel état je suis, un bonheur à la limite de l’extase ». Pendant ce temps, Emmanuel Macron n’a pas esquissé le moindre sourire.
Un soutien dénué de toute sincérité
Le chef de l’Etat s’est rendu à Paris avec le Programme d’Action du Gouvernement (PAG), dont le budget est estimé à un plus de 9000 milliards de FCFA. Malgré toutes ses multiples explications pour vanter la pertinence et le mérite du PAG, Patrice Talon n’a pas suffisamment convaincu Emmanuel Macron. Ce dernier ne lui a accordé que 153 milliards de F CFA, surtout lorsqu’on sait que la plus grande partie du financement est un prêt à rembourser avec de gros intérêts. La cagnotte est maigre et ridicule, provenant du premier partenaire du Bénin. Et lorsqu’on la compare aux aides obtenues de la France par des pays comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Tchad ou le Maroc… Il n’y a pas de quoi se réjouir.
La France s’est aussi lancée dans des réformes, et Talon estime que les réformes sont nécessaires pour leurs deux pays. Macron a bien répondu en affirmant qu’il y une différence entre les réformes de la France et celles du Bénin, car les contextes et les milieux ne sont pas les mêmes. Sur quelles réalités du Bénin se fonde alors Macron pour soutenir les réformes de Talon ? Est-ce qu’il s’agit de la brutalité, de la gestion opaque et sans concertation des affaires du pays, ou bien s’est-il basé sur un rapport de l’ambassade de France près le Bénin qui lui a démontré que le Bénin est politiquement et économiquement bien géré…?
Ce soutien inquiète tous les béninois. La France, pays de liberté et des droits de l’homme, peut-elle soutenir un régime liberticide qui violente, affame, détruit les biens de la population et plonge tout le pays dans la misère et la désolation ? Cette attitude n’est pas sincère, sauf si la France veut refaire le scénario du Togo et de la République Démocratique du Congo (RDC), où elle avait soutenu deux régimes dictatoriaux malgré les souffrances des populations et les dénonciations du monde entier.
Considérer les siens
Le Président Patrice Talon ferait mieux de courir après le soutien franc du peuple béninois, que d’aller chercher un quelconque soutien extérieur. Car devant n’importe quelle situation, c’est son peuple qui sert à la fois d’appui et de bouclier. Par contre, les soutiens extérieurs s’estompent rapidement lorsque le peuple, seul détenteur de la puissance et de la souveraineté, cesse d’accompagner son dirigeant. Le triste cas de Blaise Compaoré au Burkina-Faso demeure encore dans les mémoires. En effet, Blaise Compaoré bénéficiait de toutes sortes de soutiens de la France, mais lorsque le peuple burkinabé a décidé de le déboulonner du palais de la république, la métropole n’a pu rien faire. Le Président Talon doit comprendre que le peuple qui l’a installé au palais de la Marina est en train de le lâcher, en raison de sa politique de répression et de la ruine générale au nom des réformes
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