Suite à notre article intitulé « Adrien Houngbédji prend le contre-pied de la logique du gouvernement », le professeur Albert Tévoédjrè réagit par un commentaire, à nous envoyé, dans lequel il invite le gouvernement à respecter la constitution. « Hors de la constitution, point de salut », a-t-il dit. Lire Adrien Houngbédji prend le contre-pied de la logique du gouvernement
10 avril 2018
La première session ordinaire de l’Assemblée nationale, ouverte hier matin au Palais des gouverneurs à Porto Novo, s’annonce sous de nouvelles couleurs.
Après une saison de passivité, de concussion et de soumission, la représentation nationale a semblé prendre les mesures de ses responsabilités d’institution de « contre pouvoir ». Ce désir a fortement marqué le discours d’ouverture de son président, qui clame désormais sreligion sur l’état de droit et l’indépendance des institutions.
C’est un virage à 45°. Alors que beaucoup de personnes s’attendaient à l’entendre tenir un discours flatteur à l’égard du gouvernement, Adrien Houngbédji en a surpris plus d’un. Ces derniers jours, il avait affiché toute une autre posture, celle de la soumission, du soutien inconditionnel. On l’avait entendu caresser le chef de l’Etat dans le sens des poils, lors de la cérémonie de présentation des vœux des institutions au chef de l’Etat. On l’avait vu presque en courroux, prendre la défense du même chef et arrêter la déclaration d’un député de l’opposition qui tentait de critiquer les actions du chef de l’Etat.
Puis hier, le président Houngbédji montre tel un caméléon, un visage nouveau. Tout au moins, il s’est montré indépendant, différent et surtout plus démocratique, proclamant urbi et orbi l’importance de l’opposition pour la démocratie béninoise. Sa réaction la plus éloquente, est celle qui concerne les décisions Dcc 17-252 du 12 décembre 2017, et Dc 18-075 du 15 mars 2018, relatives à la désignation des membres du Cos-Lépi.
« L’étendue des pouvoirs que s’est reconnu le juge constitutionnel, en a surpris plus d’un. (…) Certes nous découvrons qu’à l’occasion de son office, il peut même écarter une loi, tenir en échec le règlement intérieur, se substituer à la constitution elle-même en l’interprétant. Ses décisions sont sans recours, car il est infaillible dans son interprétation. Nous ne le savions pas, et il n’est pas sans intérêt pour aujourd’hui et pour demain, que le juge nous le rappelle. Je nous exhorte donc à exécuter, sans débat. La guerre des institutions n’aura donc pas lieu ici », affirme tout fier le président Houngbédji.
Ces propos bien surprenants au regard des positions défendues jusque là par le président Houngbédji, sont bien aux antipodes de l’aspiration gouvernementale. Depuis le rejet par la Cour constitutionnelle de la proposition de loi interdisant les droits de grève à certaines catégories de travailleurs, la Cour est victime d’une campagne de sabotage et de dénigrement conduite par des journaux et des hommes de droit dont la proximité avec le gouvernement n’est plus à démontrer. C’est dans cette foulée qu’est intervenue la démission de Simplice Dato, l’un des membres de la Cour.
Les mêmes pourfendeurs de la Cour ont trouvé en cette démission un élément pour montrer le malaise au sein de cette institution où plus rien ne va. Le discours tenu hier par le président Houngbédji n’est donc pas de nature à faciliter l’option du gouvernement. Au contraire, il le remet en cause et coupe l’herbe aux pieds des caciques du régime qui se montrent très actifs dans les arcanes de l’Assemblée pour bloquer la désignation des membres du parlement au Cos-Lépi.
Ce faisant, Houngbédji sauve l’actualisation de la Lépi et compromet toutes les manigances agitées secrètement pour bloquer la réalisation de la Lépi pour les prochaines élections. Un tel discours tenu par un homme politique de la trempe de Houngbédji, n’est pas anodin. Il sonne comme une clarification politique…
POUR MEMOIRE
A la suite du Communiqué officiel de la dernière assemblée de la Conférence épiscopale du Bénin (C E B 25 janvier 2018 ) , je voudrais proposer le commentaire suivant :
Très sincère gratitude à nos évêques pour avoir appelé fortement au dialogue sincère CONFORMÉMENT AUX PROMESSES.- Merci d’avoir dénoncé l’invasion de l’argent corrupteur. Merci d’avoir insisté sur le respect SCRUPULEUX des décisions de la Cour constitutionnelle La déstabilisation de la Cour constitutionnelle ou son affaiblissement est un péril majeur à éviter résolument .Tous les actes du gouvernement, toutes les lois et décisions de toutes les institutions sont précédés de trois mots-clés :
» VU LA CONSTITUTION » !
Comme le recommande la sagesse de nos pasteurs, mobilisons-nous fortement pour » faire prévaloir la force de la loi et faire échec à la loi de la force. » « Hors de la Constitution, POINT DE SALUT ! »
Albert TEVOEDJRE, Frère Melchior, SMA
Porto- Novo, 31 janvier 2018
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