Amorphe et même totalement désorganisée il y a peu de temps, l’opposition politique a monté d’un cran ce week-end, avec la première sortie de la Coalition pour la défense de la démocratie. Ce collège inédit d’hommes politiques de grand calibre, n’a pas fait dans la dentelle. Il a exigé l’installation immédiate du Cos-Lépi, l’audit de la liste et la convocation d’une assise nationale. C’est un vrai coup de massue sur la tête du président Talon.
Après l’Union sociale libérale (Usl) il y a quelques semaines, Djèffa a accueilli ce samedi 14 avril, la première sortie de la Coalition pour la défense de la démocratie (Cdd). Cette coalition a ceci d’inédit, qu’elle regroupe en son sein tous les anciens présidents du Bénin encore vivants. Autour de Sébastien Ajavon, on voit les présidents Nicéphore Soglo et Boni Yayi. De mémoire de béninois, c’est la première fois que deux anciens présidents s’unissent contre le président en exercice. Ceci n’a rien d’anodin. Depuis quelques mois, chacun d’eux avait déjà affiché sa position anti-Talon. Le président Soglo d’abord dans une déclaration faite il y a quelques mois au siège du parti, et plus récemment Boni Yayi qui a pris le poste de président d’honneur des Fcbe. La présence de ces deux anciens présidents dans cette coalition, porte la contestation du régime Talon à un niveau très haut. A ces deux personnalités, s’ajoutent d’autres qui ont une carte de visite impressionnante. Il s’agit de Sébastien Ajavon autour de qui se sont réunis les présidents. Président d’honneur de l’Usl, il fut le 3e homme lors de la présidentielle de mars 2016, qui a porté Patrice Talon au pouvoir. Il y a également le professeur Albert Tévoédjrè dont le parcours politique force l’admiration. A ceux là, s’ajoutent des icônes de la lutte politique comme Philippe Noudjènoumè, et des députés de la minorité parlementaire. Politiquement, cette coalition aura un fort ancrage dans le septentrion, le Mono, une bonne partie de l’Ouémé, des Collines, du Zou, et plusieurs communes de l’Atlantique, du Couffo et du Littoral.
Le discours ferme et le recours à l’article 66
Hormis cette composition qui ne laisse personne indifférent, la Cdd a tenu un discours de fermeté qui tranche avec tout ce qu’on a entendu jusque là. Le ton péremptoire de la déclaration montre à quel point la coalition entend mettre la pression sur le président Patrice Talon. « En conséquence, nous demandons au président Talon de prendre la mesure des choses et de faire installer, sans délai, le Cos-Lépi conformément aux décisions de la Cour constitutionnelle », lit-on dans la déclaration de la coalition. Elle est allée plus loin. « En cas de non satisfaction de ces exigences, le peuple béninois, maître unique de sa souveraineté, sera invité à prendre ses responsabilités, conformément à l’article 66 de la constitution », poursuit la coalition. Le recours à l’article 66 est aussi inédit dans l’histoire politique du Bénin. Cet article, doit-on le rappeler, stipule : « En cas de coup d’Etat, de putsch, d’agression par des mercenaires ou de coup de force quelconque, tout membre d’un organe constitutionnel a le droit et le devoir de faire appel à tous les moyens pour rétablir la légitimité constitutionnelle, y compris le recours aux accords de coopération militaire ou de défense existants. Dans ces circonstances, pour tout Béninois, désobéir et s’organiser pour faire échec à l’autorité illégitime, constitue le plus sacré des droits et le plus impératif des devoirs »… Ceci dit, la Cdd n’est plus dans une démarche de négociation. Elle a choisi de mettre la pression sur Talon en lui rappelant son désir de mettre en application l’article 66. Elle ouvre ainsi la porte d’une chambre noire. Le recours au peuple souverain pour mettre fin au pouvoir de son élu, reste toujours dans un contexte comme le nôtre, fait de manipulation et d’inculture politique, une option dont l’issue est parfois aléatoire
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