Secteur du médicament au Bénin : Les raisons qui expliquent la lenteur des réformes

Depuis le déclenchement par le gouvernement de la lutte contre les ‘’faux médicaments’’, il a été annoncé lé création d’une commission en vue de réfléchir sur les réformes à entreprendre dans ce secteur. Seulement, depuis cette annonce les membres de ladite commission n’ont pas encore été désignés ou nommés. Ce qui semble hypothéquer le projet de réformes qui permettrait d’endiguer les fléaux dénoncés dans ce secteur. L’une des raisons qui explique ce statuquo observé, est à rechercher dans l’emprisonnement des acteurs de premier plan que sont les directeurs généraux des grossistes pharmaceutiques.

La réforme du secteur du médicament a devant elle une alternative : soit elle se fait avec professionnalisme en réunissant tous les acteurs clés du secteur, ou elle sera la résultante de réflexions bâclées sans consistance ni efficacité. Puisque cette commission si elle est mise sur pied en ce moment, enregistrera l’absence des acteurs déterminants que sont les directeurs généraux des grossistes pharmaceutiques. Ces derniers séjournent malheureusement en prison, à la suite d’un procès marathon et brumeux qui s’est tenu au niveau du tribunal de première instance de première classe de Cotonou.

Des peines d’emprisonnement étonnantes ont été prononcées à leur endroit. Des spécialistes du secteur et des organisations corporatives, ont exprimé leur surprise sur le déroulement de ce procès et sur la nature du verdict. Ils espèrent que la tenue du procès en appel à défaut d’innocenter les mis en cause, devra tout au moins permettre de faire tenir des débats de fond et contradictoires, pour permettre à l’opinion de comprendre les tenants et aboutissants de ce dossier, qui même après ce premier niveau de procès, reste pour beaucoup une nébuleuse.

Publicité

Ces directeurs généraux des structures des grossistes répartiteurs étant en détention, il sera difficile d’envisager des réformes qui se feront sans ces acteurs, dont certains capitalisent 10 voire 20 ans d’expérience dans le secteur. Ils sont donc de façon incontournable ceux dont la restitution des expériences permettra de mieux appréhender les contours des choses, pour pouvoir proposer des solutions efficaces et durables à ce qui est présenté comme le ventre mou du secteur du médicament. Une commission de réformes sans ces acteurs, serait un gâchis puisque la présence des Dpmed successifs ne suffit pas à appréhender le problème dans tous ses aspects…

Certains acteurs du secteur espèrent que la suite du procès en appel se tiendra d’ici là, et que peut être ces directeurs généraux des structures des grossistes répartiteurs seront acquittés. Quoi qu’il en soit, la réforme efficace du secteur du médicament tant sur la délivrance des autorisations de mise sur le marché, (Amm), que sur la distribution et le contrôle des produits de contrebande au niveau des frontières du pays, ne pourront se faire qu’à travers une réflexion inclusive qui intégrera les représentants du gouvernement, les Dpmed, les laboratoires fournisseurs de médicaments, les grossistes répartiteurs, les gérants de pharmacies, les agents de douanes, les forces de l’ordre et les organisations de la société civile, à l’instar des associations de défense des consommateurs. Il faudra aussi qu’au cours du procès en appel, les acteurs du secteur et puissent situer objectivement l’opinion sur leurs niveaux de responsabilité, et sur le concept de faux médicaments, maître mot de toute l’affaire. Affaire à suivre.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité