Fait ambassadeur de paix et dialogue inter-religieux depuis le 17 août 2018, Moise Kérékou est entré officiellement dans ses nouvelles charges le mercredi 09 janvier dernier après une audience que lui a accordée le Professeur Albert Tévoédjrè au Théophania, la maison africaine de la paix à Adjati. A la tête d’une délégation d’une dizaine de personnes, il a rencontré le patriarche pour se voir repréciser le contenu de sa mission.
Des lettres de créance particulières pour une mission diplomatique particulière : vendre la paix. Pour le cérémonial du jour, rien d’officiels. Pas de tapis rouge, ni de salon d’audience luxueux ou de chef protocole au costume bien taillé et au style policé. Le vaste et modeste salon du couple Tévoédjrè sis au rez de chaussée de cette splendide « maison africaine de la paix » d’Adjati, à quelques encablures de la route nationale Porto Novo-Igolo bien poussiéreuse pour cause de travaux, a bien rempli son rôle de salon d’honneur.
Une délégation bien riche
A l’office, pas de président de la République. Juste le sage et bientôt nonagénaire Albert Tévoédjrè dans le rôle de mandant. A côté de lui, assise dans le même divan, son épouse. En face, un ambassadeur particulier, jeune, habillé d’une chemise de tissu et bien entouré. Il était flanqué d’une délégation de dix personnes. Une délégation bien riche d’un prêtre catholique, le père Hyacinthe Vitonou, d’un imam, l’imam Faissou Adégbola, d’un dignitaire de religion endogène Kpêyéton Houansodji. Cette délégation compte aussi sociologue, juriste, économiste et journaliste tous travaillant pour la promotion de la paix, cette denrée précieuse pour le développement. Et justement, ces lettres de créance portent sur cette mission. Elles furent verbales.
Le professeur Tévoédjrè, un peu fatigué par l’âge les a prononcés en quelques mots. « Il faut faire la promotion de la paix pour faire reculer les barrières de la haine, de l’animosité, de la guerre qui sont à la base des conflits et de la misère. Et pour y arriver, les religions ont un grand rôle à y jouer. Ici au Théophania, c’est la convergence de tous ceux qui croient en un seul Dieu unique. Votre présence ici est très importante parce qu’il y a toujours satan qui nous menace et qu’il faut l’anéantir. Il faut que la paix règne par l’éradication de la violence », a-t-il déclaré après avoir remercié fortement Moise Kérékou pour avoir accepté cette charge.
Visite de la maison africaine de la Paix
Après quelques minutes de conciliabules, la délégation a visité la maison africaine de la paix construite, a reconnu le Professeur Tévoédjrè, sur une terre héritée de son feu père originaire d’Adjati. Cette visite a été guidée par Michel Tévoédjrè, jeune frère du professeur. Ce dernier a présenté une maison qui prône l’œcuménisme religieux à travers la présence en son sein d’une chapelle catholique, d’une mosquée et d’un temple de religions endogènes. Il y a également au rez de chaussée un petit caveau et au premier étage, un institut au nom du cardinal Bernardin Gantin pour la promotion de la paix. A un jet de pierre de cette maison, la statue « Notre Dame des Peuples » érigée pour réunir la communauté chrétienne riveraine autour de la prière. A côté, il y a une adduction d’eau pour permettre aux populations de bénéficier de cette denrée vitale. « La maison africaine de la paix a également financé la construction d’autres œuvres sociales. On peut citer le centre de santé de Kpoguidi dans la commune de Sèmè Kpodji et l’école de Takon dans la commune de Sakété », précise Michel Tévoédjrè.
Réactions de quelques membres de la délégation
Saisissant la balle au rond, le père Vitonou a salué l’initiative. « Tout ce que j’ai vu ici m’édifie car l’accusation qu’on porte aux religions c’est qu’elles sont sources de conflit. Si on sent la nécessité de nous mettre ensemble pour la paix c’est salutaire. Dans nos cultures endogènes africaines, on nous initie au vivre-ensemble. Si une structure prend la responsabilité de s’en charger, nous les religieux on doit encourager cela car la paix est un bien inaliénable et en tant que religion nous devons travailler pour la culture de la paix. La religion ne doit pas être instrumentalisée, elle doit contribuer à la paix », a-t-il affirmé. Quant à l’imam Adégbola, il a mis l’accent sur la notion du « voisin » en Islam. Cette notion, dira-t-il, favorise la paix puisque le voisin c’est les 40 premières maisons autour de soi et encourage la cohésion et la communication entre des gens de diverses religions.
Promotion de la paix au Bénin
L’occasion a aussi permis à l’ambassadeur Kérékou d’offrir quelques présents à son mandant. Il lui offre quatre livres. Moment de témoignage, le Professeur Tévoédjrè a brandi un nouveau testament à la couverture verte que lui a offerte le Président Kérékou le 12 août 1995 alors qu’il était allé le voir à Natitingou pour lui demander d’être candidat à la présidentielle de mars 1996. Le feu général lui avait dédicacé ce nouveau testament avec une phrase biblique pleine de sens : « Nous sommes poussière et nous retournerons poussière ». La délégation, avec l’ambassadeur en tête, est partie d’Adjati avec plus de détermination pour la promotion de la paix dans notre pays.
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