Une décision incompréhensible. En effet, pour la France, la récente sortie américaine est tout simplement « inexplicable, intolérable, incompréhensible ». Le 23 avril dernier, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, les États-Unis se sont effectivement fait remarquer en menaçant d’un veto, une résolution allemande selon laquelle la protection en faveur des femmes victimes de violences sexuelles lors de conflits armés devait s’intensifier.
Ambassadeur français à l’ONU, François Delattre ne comprend pas. Selon lui, la France est ainsi consternée par cette décision américaine, qui remet en cause pas moins de 25 ans d’acquis en faveur du droit des femmes, notamment en ce qui concerne les conflits armés. L’idée allemande était en fait d’organiser un groupe de travail visant à créer un organisme international susceptible de venir en aide aux femmes victimes d’abus sexuels lors de conflits armés. L’objectif était alors de traquer les coupables de viols et d’aider à la protection de ces jeunes femmes, notamment celles qui sont tombées enceinte.
USA, Chine et Russie, contre le texte original
La mesure elle, a ainsi été retravaillée et amputée de nombreuses mentions après que les États-Unis, la Chine et la Russie aient demandé à tout revoir. Plus tard, celle-ci sera finalement adoptée à 13 voix pour, et 2 abstentions, celles de la Chine et de la Russie. Dans les faits, la création de l’organisme évoqué ci-dessus a ainsi été abandonnée alors que des mentions liées aux droits sexuels et reproductifs ont également été retirées du texte originel. « Des concessions importantes ont été accordées sous la pression de plusieurs membres permanents qui n’ont pas permis au texte d’aller aussi loin que nous l’aurions souhaité » s’est d’ailleurs désolé François Delattre.
L’ambassadeur français à l’ONU n’en revient pas
Déçu, ce dernier estime notamment que c’est la dignité des femmes et de leur droit à la santé sexuelle et reproductive qui ont été bafoué. En outre, celui-ci a également fustigé le fait que le Conseil de sécurité soit, aujourd’hui totalement incapable de se rendre compte que femmes et jeunes filles violées et abusées, tombant enceinte, ne l’ont pas choisi. Ainsi, François Dellatre estime que ces dernières ont tout à fait le droit d’avoir le choix d’interrompre leur grossesse. Toutefois, les États-Unis ne sont clairement pas en faveur de l’avortement et l’administration conservatrice actuellement en poste n’a pas aidé.
Une décision pointée du doigt
Cette décision elle, a également été pointée du doigt par de nombreuses personnalités, dont le Nobel de la Paix 2018, Denis Mukwege ou encore Nadia Murad, elle aussi Nobel de la Paix, cette même année. Membre de la communauté yazidie, totalement détruite par Daesh, cette dernière a encore du mal à se remettre de cette mesure à moitié adoptée. « Nous prononçons des discours à l’ONU, mais aucune mesure concrète ne suit » a-t-elle déploré, rappelant que personne n’a encore été traduit en justice pour ce genre d’actes.
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