(Haro sur les intellectuels obligés de la dictature !) L’objectif de cette tribune, c’est de montrer l’absurdité intellectuelle des Roger Gbégnonvi (RG) et consorts. En mettant en évidence l’inanité démocratique et civique de leurs arguties, le projet a pour ambition de confondre Gbégnonvi, isoler et ruiner la prétention intellectuelle de la clique de porteurs de lanternes du régime de la rupture.
Pour ce faire, la question d’entame répond bien à la ‘’rhétorique’’ incendiaire et ‘’monstrueuse’’ du personnage central, Gbégnonvi. En effet, « à la guerre comme à la guerre », Gbégnonvi insulte l’intelligence de ce pays lorsqu’il titre sa chronique « Râles d’agonie de la Bête béninoise » en parlant de la résistance actuelle au régime d’exception qui s’installe au Bénin. L’arme du meurtre de la « bête immonde » incarnée selon Gbégnonvi par les anciens présidents serait la dictature. Uniquement la dictature ! Et pourtant ils sont légion les intellectuels éminents à l’intérieur de notre pays et de par le monde qui s’indignent sur le cas Bénin ; dès lors, il est important de mettre le holà à cette tourbe d’intellectuels de série B de l’ex-Quartier Latin de l’Afrique afin de réhabiliter l’action patriotique et légitime des intellectuels engagés aux côtés des populations et de la Patrie.
La « Bête immonde », le prétexte pour l’instauration de la dictature ?
Il est vrai, la période de 1990 à 2019 dite du Renouveau démocratique est une vraie calamité en matière de gouvernance. Gbégnonvi le relève à juste titre. Mais, lui-même est aussi en partie comptable du bilan de dame « Bête immonde » même si sa présence au gouvernement fut relativement brève. Houngbédji a introduit dès 1990 la pratique obscène des milliards et des gadgets, dans la campagne précédant les élections, pour l’achat des consciences dans nos villes et villages ; Soglo, de 1991 à 1996, est le président du parti clanique, la « rivière » où devraient aller s’abreuver les ministres ; Kérékou II, l’homme qui fabriqua pendant ses deux mandats, de 1996 à 2006, les gangsters politiques, aujourd’hui des corrompus impénitents; Avec Yayi, de 2006 à 2016, c’est la période des scandales économiques retentissants et de gestion hasardeuse avec les hordes de ‘’pasteurs devenus banquiers’’, ses scandales les plus mémorables étant Cen-Sad, Icc services, Machines Agricoles, Ppea2, Lépi, KO 2011, site de l’Assemblée Nationale, Concours frauduleux etc. Mais pour autant, l’intelligence s’accommoderait-elle de ces prétextes pour légitimer la dictature ? D’autant que les réformes et les redressements économiques intelligents, dans l’histoire des idées politiques de l’humanité, ont été pour la plupart compatibles avec le Régime des Libertés. Le système démocratique ‘occidentalo-centré’ est interrogé par la recherche au profit de concepts et modèles ‘afro-centré’ pour le développement mais pas sans les libertés.
A certains égards, les agissements de Gbégnonvi et consorts ne sont pas sans rappeler les intellectuels allemands précurseurs du nazisme ainsi que ses soutiens de 1933 à 1944. L’Allemagne a perdu la 1ère guerre mondiale et dès 1919, le dictat de Versailles attise le désir de revanche. Des intellectuels allemands poussés par l’idée de revanche passent donc aux idées ‘’noires’’ qui consolideront le nazisme plus tard. L’idée-force chez un Heinrich Bruning ou chez un Otto Strasser par exemple, c’est le « grand dégoût de l’Occident » et son corollaire, « la revanche, le maître mot, sur les autres » qui, dit-on, ont fait mal à l’Allemagne. Exactement comme la « Bête immonde », ce « grand dégoût » qui a fait mal au Bénin depuis 1990 d’après Gbégnonvi. Mais, ce que ne dit pas Gbégnonvi, les revanchards béninois au pouvoir sont les mêmes qui ont créé et fondé dame « Bête immonde ». Les revanchards ne nient pas avoir été à la base de l’avènement de 2006 puis réussi le KO 2011. Et finalement, les revanchards justifient a postériori le crime d’avoir exclu plus de 85% de du peuple des élections du 28 avril 2019 au motif passablement douteux de la nécessité de la dictature et de la « compromission de la paix ». N’empêche, des intellectuels, Gbégnonvi en premier, peuvent-ils sans honte se ranger du côté du pire système politique que l’humanité ait connu, l’absolutisme ? Pour les intellectuels allemands, c’est peut-être sans le vouloir puisque leurs discours relèvent d’une cause lointaine et antérieure (depuis 1919) à l’émergence fatale plus tardive du Fuhrer en 1933. Au Bénin, les intellectuels ‘’obligés’’ applaudissent après coup. Pour quoi ? L’historien britannique Kershaw Ian pense que, dans le cas allemand, c’est la « complaisance d’élites bourgeoises convaincues, à tort, de pouvoir les manipuler qui a permis aux nazis de prendre le pouvoir en 1933 ». Gbégnonvi et consorts pensent peut-être prendre le contrôle de la rupture plus tard. Calcul fou ! A mon humble avis, il n’y a qu’un seul mot: opportunisme! Purement et simplement.
Gbégnonvi et consorts aiment les opportunités, vraiment !
Au début du Renouveau démocratique, Gbégnonvi est foncièrement contre les communistes, les vrais instigateurs, avec le mouvement plus tardif des laïcs catholiques, des révoltes mémorables des rues qui ont provoqué la Conférence Nationale de février 1990. Gbégnonvi espérait en retour, de Soglo puis de Kérékou II, devenir ministre de la république entre 1990 et 2006. Entre 2006 et 2011, sous la première présidence de Yayi, ses clins d’œil finissent par être couronnés de succès. En clamant haut et fort que le yayisme, c’est-à-dire ‘’ le changement’’ de Yayi Boni, c’était du sankarisme ou du bolivarisme et patati patata, cela vaut à Gbégnonvi d’être pendant 7 petits mois, ministre. Après son ministère éclair, Gbégnonvi devint grincheux et revanchard. C’est ainsi qu’en 2011, l’équilibriste appela à la candidature d’un Oiseau rare, Abdoulaye Bio Tchané (ABT). A l’époque, j’avais publié une tribune largement diffusée dans la presse et titrée: « Appel à candidature encore d’un oiseau rare, Abdoulaye Bio Tchané : Erreur de Gbégnonvi ». Malheureusement pour Gbégnonvi, cette tribune ne lui aura servi à rien ! ABT n’est pas devenu Président et Yayi Boni rempila dès le 1er tour grâce au KO contestable de 2011. Nous sommes en 2019. L’attente et la traversée du désert de Gbégnonvi depuis une décennie au moins deviennent trop longues. C’est vraiment là qu’il faut aller chercher les origines de sa nouvelle diatribe contre la « Bête immonde ».
A la fin, le tableau est très noir! C’est lorsque Gbégnonvi devient « Dévoileur de plans secrets» comme présentement dans la « Bête immonde » et aussi comme dans cette ridicule lettre ouverte adressée, il y a quelques jours, au Président N. Soglo. Bien avant cela, Gbégnonvi fut en effet « Dévoileur » dans le plan secret qui a permis de distribuer de l’argent à des conseillers communaux en vue de la destitution du maire d’une ville historique de l’Atlantique. Et voyez-vous, c’était le même homme de ‘’Transparency International’’, dont il fut naguère le Président au Bénin, ‘’le champion de la lutte contre la corruption’’, qui pilota cette opération hautement corruptive. Voilà pour la vraie histoire des zigzags et danses du ventre de mon collègue RG. Ça vous en bouche un coin !
Honte aux intellectuels ‘’liges’’, chantres de la clameur soporifique qui parlent de la paix
Le scrutin du 28 avril 2019 a vu se confirmer le rejet par le peuple, avec près de 90% d’abstention, de la nature dictatoriale des réformes en République du Bénin. Par la suite, aidé par nos intellectuels liges, le gouvernement parle de paix. Or, la paix, c’est un comportement à la base duquel il y a le préalable de la vérité et de la justice sinon, les intérêts dans la société deviennent irréconciliables, ouvrant la voie à la désobéissance civile légitime comme c’est le cas aujourd’hui dans le pays. Le régime de la rupture donne ses ‘intellos’ comme on donne du ‘chien’. Ils peinent à théoriser un état de droit frauduleux, qu’ils n’ont qu’à la bouche mais pas en critique ! Quand les intérêts deviennent irréconciliables, il ne peut plus y avoir d’Etat de droit et de légalité. Dès lors, comme pour l’Apartheid et le Nazisme que les oppresseurs affublaient du qualificatif ‘légal’, le peuple doit résister par tous les moyens. Où étaient les soi-disant intellectuels du type de Gbégnonvi quand les injustices se commettaient les unes après les autres? Dans quel état de droit empêche-t-on l’opposition d’aller aux élections ? Où sont-ils, actuellement, ces intellectuels, lorsque le discours officiel dit qu’il n’y a pas d’autres moyens que de « tirer à balles réelles » sur les populations civiles ? Lorsque le discours officiel préfère s’inquiéter plutôt de l’ampleur des dégâts matériels que de déplorer les pertes en vies humaines ? Ou bien lorsque, sans états d’âme devant le Clergé, on déclare qu’on peut « compromettre la paix » sans craindre la charge de la Haute Trahison ? Les agents cagoulés de la police politique peuvent enlever des citoyens dans les rues ou dans leurs lits tard la nuit, des intellectuels trouvent que ce n’est pas encore les escadrons de la mort ! Les rassemblements de plus de deux personnes entraînent des arrestations et des intellectuels n’y voient aucune gravité ! A moins que les intellectuels obligés de la dictature ne veuillent provoquer par leurs simagrées la démobilisation et le renoncement à la résistance qui, faut-il le rappeler, est mise en exergue et en valeur dans une disposition spécifique de l’article 66 de la constitution du Bénin. Si ces lettrés dont certains gardent le silence veulent servir la dictature pour être comme d’habitude sous les feux de la rampe et autour de la ‘’mangeoire’’, c’est leur affaire ! Ils prennent le risque de devenir une tâche honteuse dans l’histoire de ce pays comme de ces intellectuels collabos européens de la trempe d’un Heidegger qui, soutien intellectuel de la dictature nazie de 1933 à 1944, a fini dans le déshonneur. L’intellectuel digne de ce nom ne saurait soutenir un régime anti-démocratique et despotique. Au fond, c’est leur faire trop d’honneur que de les comparer à Heidegger qui était véritablement un grand intellectuel qui s’est fourvoyé. Ceux qui s’essaient à ce jeu dangereux, sont condamnés d’avance par l’histoire. Les confondre, neutraliser leur fiel et déconstruire leur venimeuse pensée est un impératif éthique et patriotique.
Vive les Libertés !
ADJILE SEGLA D. Aimé (Contribution), Juin 2019 Enseignant-chercheur UAC, Max-Planck Institute.
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