Le constitutionaliste béninois Joël Aïvo a été l’invité de RFI tôt ce jeudi 24 octobre 2019. L’homme de droit est revenu sur les résolutions issues du dialogue politique tenu les 10, 11 et 12 octobre 2019 au palais des congrès de Cotonou. Le professeur Joël Aïvo a estimé que le dialogue politique initié par le président Talon est un premier pas vers la sortie de la crise que traverse le Bénin depuis les dernières élections législatives du 28 avril dernier.
Il estime que «d’abord il permet d’arrêter le déni de la crise». Car, «plusieurs personnes ont nié que le Bénin était en crise». Ensuite, ce dialogue «permet de commencer le diagnostic de la crise», de chercher «comment nous sommes arrivés à ce point de non-retour». Mais, malheureusement le professeur regrette qu’à ce dialogue «certains acteurs clés de la crise et qui ont une partie de la solution au problème n’y soient pas».
Il s’agit des acteurs de l’opposition, de l’ensemble de l’opposition et ensuite d’autres acteurs historiques du renouveau démocratique au Bénin notamment le clergé catholique, la société civile «dont le rôle actif dans la stabilité du pays n’est plus à démontrer».
Amnistie et impunité
Concernant la loi d’amnistie des personnes impliquées dans les violences survenues à Cadjêhoun les 1er et 2 mai 2019, à Savè, à Tchaourou et ailleurs dans le pays, le constitutionaliste indique que c’est aussi un pas vers le dégel. Mais «il faut veiller à ce que l’amnistie ne rime pas avec l’impunité». Pour lui, «l’amnistie ne doit pas et ne peut pas blanchir un certain nombre de crimes qui sont pour certains des crimes de sang».
C’est pourquoi, il a toujours plaidé pour que la lumière soit faite sur ce qui s’est passé. Il pense qu’on ne peut pas amnistier tant qu’on n’a pas situé les responsabilités et tant qu’on n’a pas su qui a tué ces citoyens lors des manifestations. Le Bénin n’a jamais connu ça depuis très longtemps donc, «on ne peut pas passer sous silence des actes aussi graves qui ont affecté le moral du pays, la psychologie du pays et la stabilité du pays».
Arrêt des poursuites contre Boni Yayi
Sur la question de l’arrêt des poursuites judiciaires contre l’ancien président de la République Boni Yayi, l’invité de RFI indique que cela va dans le bon sens. Car, selon lui, le président Boni Yayi fait partie de la solution à la crise au Bénin.
Mais, la crise au Bénin englobe d’autres acteurs qui pensent et qui disent, d’une manière ou d’une autre, faire aussi l’objet des actes judiciaires. «Je pense à toutes ces personnalités qui sont à l’étranger et dont le pays a besoin», a lancé Joël Aïvo. Et pour lui, «l’apaisement passe aussi par des mesures globales qui ne peuvent pas se limiter seulement à Boni Yayi».
Dissolution de parlement 2021?
Le professeur Joël Aïvo a aussi donné son avis par rapport à la question des élections générales prévues par les résolutions du dialogue politique. Il a dit attendre des précisions sur ce point comme sur d’autres notamment le toilettage du code électoral et de la charte des partis politiques «pour sortir de ces dispositions législatives qu’on peut considérer comme étant des chicanes qui ont obstrué le pluralisme et la concurrence lors des dernières élections législatives».
Sur les élections générales, «je voudrais avoir des précisions du parlement ou du gouvernement qu’il ne s’agit pas seulement du couplage des élections municipales et communales 2020 avec la présidentielle». Le professeur veut savoir si «dans ces élections générales il y a bien la convocation de nouvelles élections législatives qui donnent désormais la possibilité à notre peuple de choisir par lui-même, les représentants qui vont siéger à l’assemblée nationale». Pour rappel, les résolutions issues du dialogue politique recommandent des élections générales en 2021.
Répondre à Francois Annuler la réponse