L’introduction du parrainage dans les critères de candidature à la présidentielle au Bénin est un sujet d’inquiétude pour l’opposition et d’autres personnalités de la vie politique du pays. C’est le cas du professeur Joël Aïvo qui souhaite que ce parrainage ne soit pas un moyen d’exclusion.
Au micro de nos confrères de RFI ce matin, le constitutionnaliste Joël Aïvo relève d’abord que «le parrainage apparait comme un cheveu dans la soupe» dans le dialogue politique initié par Patrice Talon et «n’a rien à voir avec la décrispation». Il relève aussi que le parrainage annoncé est un peu contraire à celui du Sénégal qui «est un portage des idées des candidats par des électeurs». Au Bénin, d’après ce qui a été annoncé par le conseil des ministres, «il s’agit d’un parrainage par des élus notamment des élus communaux».
Pour Joël Aïvo, l’inquiétude de la classe politique vient d’abord du parlement actuel. «Quand on prend le parlement monocolore dont les 83 députés soutiennent l’action du président, on peut se douter qu’aucun candidat de l’opposition ou aucun candidat n’étant pas de la majorité présidentielle ne bénéficiera du parrainage d’aucun député», a laissé entendre le professeur. Ensuite, lorsqu’on prend les élus communaux et municipaux, «on sait là aussi quelle était la couleur de l’ensemble des communes à l’avènement du président de la République, le président Talon». Il rappelle qu’il y avait «des maires de l’opposition, des conseillers communaux qui appartenaient à des partis de l’opposition».
Mais aujourd’hui, à l’en croire, la tendance est à des conseils monocolores en raison du soutien du gouvernement de leurs projets et leurs budgets. Alors, la crainte est «qu’à partir du moment où le portage des candidats devient politique, que ce parrainage soit utilisé pour empêcher de sérieux candidats de se présenter à l’élection ou d’empêcher des candidats qui sont issus de partis qui ont des conseillers communaux de bénéficier du parrainage de leurs propres conseillers en raison du poids, en raison peut-être des menaces et des contraintes».
Alors, il lance un appel aux autorités à « faire en sorte que le parrainage ne soit pas utilisé comme une nouvelle technique d’exclusion et que quel que soit le système que l’on imagine pour rationaliser la vie politique que ça soit des systèmes qui garantissent le pluralisme».
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