Si au plan mondial, la journée internationale de la jeune fille a été placée sous le thème «Les filles: une force libre et inarrêtable », au Bénin, elle a été commémorée autour des enjeux et défis liés au numérique en rapport avec les droits à la santé sexuelle et reproductive de la fille. Occasion pour des Osc, d’évaluer la situation et de formuler leurs plaidoyers à l’endroit de l’Etat.
« Le numérique et les droits à la santé sexuelle et reproductive de la fille au Bénin : quels enjeux et défis ? » C’est le thème de la conférence organisée le lundi 28 octobre 2019 à l’Infosec, Cotonou, par le Centre de réflexions et d’actions pour le développement intégré et la solidarité (Ceradis-Ong) avec ses partenaires de la société civile dont l’Alliance droits et santé et le Roafem. C’est dans le cadre de la célébration en différé de la journée internationale de la jeune fille.
C’était pour Ceradis, l’occasion de sacrifier à une tradition. Celle d’une part, de rappeler aux décideurs béninois les engagements pris au niveau national qu’international en faveur du développement social, et d’autre part, de porter un regard critique sur l’évolution de la situation de la fille, à en croire le directeur exécutif de Ceradis, Nourou Adjibadé.
Des progrès mais les violations persistes
Nourou Adjibadé avoue qu’il y a eu des progrès en l’espace de 25 ans, depuis l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing. Il témoigne de ce que de plus en plus de filles sont parvenues à réaliser leurs rêves ; elles sont aujourd’hui plus nombreuses à aller à l’école, à terminer leurs études et à acquérir les compétences dont elles ont besoin pour exceller dans le monde du travail. « Les filles brisent les frontières et les barrières dues aux stéréotypes et à l’exclusion », affirme-t-il.
Toutefois, il relève que plusieurs filles sont encore dans des liens. Au niveau national, beaucoup d’entre elles sont encore victimes de mariage précoce et forcé – 31,7% selon le rapport Close 2018-, de violences physiques, de séquestration, de viol, etc. « Leur situation est caractérisée par une violation fréquente et quasi généralisée de leurs droits, et particulièrement le droit à la santé sexuelle et reproductive, à l’éducation, à la participation et à la protection », regrette le directeur exécutif de Ceradis.
Le nid du drame sexuel
Le phénomène « grossesses en milieu scolaire » a pris une grande ampleur et atteint un taux de 2.763 pour 301.821 filles au cours de l’année scolaire 2016-2017 et puis évidemment un taux de déscolarisation aussi inquiétant. L’une des plateformes qui, quelque part devrait être un atout, se révèle un terrain fertile de ces maux qui minent la vie de la jeune fille au Bénin. Il s’agit du numérique. « L’un des espaces du drame sexuel, c’est la toile. Le numérique a pris le pas sur la famille », rapporte le Dr Calixte Houedey.
Dans sa communication à l’occasion de la conférence, le sociologue de sexualité humaine expose que les Nouvelles technologies de l’information et de la communication (Ntic), du fait de leur mauvais usage ou usage précoce par les jeunes filles, sont source de nuisance à la santé sexuelle et reproductive de cette cible. Il soutient que la fille n’est pas protégée en termes d’utilisation du numérique ; Etat et parents manquent à leur rôle.
Que faire ?
Le communicateur recommande une étude pour apprécier l’ampleur de l’accessibilité de la fille à l’internet, le contrôle parental sur les espaces d’accès par la fille via le numérique, la mobilisation des opérateurs du numérique pour des mesures de protection des enfants vulnérables, l’implication des parents dans la gestion des smartphones de leurs enfants ainsi que l’implication des Osc dans la gestion du numérique et la Santé sexuelle et reproductive des adolescents et jeunes (Sraj), etc.
Ceradis et ses partenaires appellent par ailleurs, les autorités nationales à « rendre opérationnels toutes les lois et autres documents de politique y compris dans les domaines des Ntic ». C’est une urgence pour que ces filles plus vulnérables puissent jouir pleinement de leurs droits en matière de santé sexuelle et reproductive, d’après la Coordonnatrice de Roafem, Justine Houzanmè. «L’adolescence, c’est l’âge de tous les risques», affirme-t-elle.
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