Le parti Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) laisse planer le flou sur sa position. Flou renforcé ces derniers jours par sa participation à la fois au « dialogue politique » initié par le président Talon et aux « assises de la résistance » qui réunit les forces de l’opposition. Mais dans une interview accordée à La Nouvelle Tribune, Eugène Azatassou, conseiller politique au sein du Bureau politique dudit parti, affirme qu’il n’y a aucun doute sur la position des cauris.
Leurs camarades qui se sont retrouvés au dialogue de Talon au Palais des congrès ont selon lui, désobéi à une récente décision du parti prise lors d’une réunion du bureau politique à laquelle ils étaient tous présents. Ladite réunion a été même présidée par l’un d’entre ces camarades. Pour Eugène Azatassou, tous ceci est une manœuvre du pouvoir de la rupture qui s’appuierait sur quelques camarades en leur sein pour la disparition du parti Fcbe comme le sort d’autres partis à l’avènement de ce régime. Avec le conseiller politique, nous avons aussi abordé entre autres, la question du récépissé, les nouvelles du président Boni Yayi et sa position sur cette situation. Interview.
Deux rencontres politiques se tiennent depuis jeudi à Cotonou. L’une initiée par le président Talon et l’autre par les forces de l’opposition. A l’ouverture de ses deux rencontres, des membres Fcbe sont présents. Finalement de quel côté se situe le parti Fcbe ?
Le bureau politique du parti Fcbe qui s’est réuni le 9 octobre a pris la décision que le parti ne soit pas représenté au Palais des congrès, au dialogue initié par le chef de l’Etat. La décision a été prise à une large majorité. Le Sena 1 –1er secrétaire nationale adjoint, ndlr-, Théophile Yarou qui dirigeait la réunion, a fait la synthèse dans ce sens. Donc le parti n’était pas représenté au Palais des congrès. Seulement, quelques camarades se sont rendus là -bas, désobéissant de fait à la décision du parti. Donc le parti Fcbe, comme il a été toujours de la résistance, est plutôt du côté de ce qui s’est organisé au niveau de cette instance là .
A la veille de l’ouverture du dialogue politique nous avons lu un communiqué signé du secrétaire administratif où vous semblez retrouver l’unanimité autour du récépissé et l’accepter.
Non. Si vous lisez bien le communiqué, vous verrez qu’on a parlé d’insuffisance et qu’on a parlé de comité chargé d’étudier la question. Les insuffisances sont liées à la procédure d’obtention du récépissé. Ce autour duquel l’unanimité a été faite, c’est que ce récépissé obtenu dans ces conditions est fragile et peut être remis en cause en tout moment par n’importe qui, y compris ceux qui l’ont délivré. N’oublions pas que nous sommes sous un pouvoir de ruse et de rage. De ce point de vue, il était question d’étudier par quel procédé nous pouvons corriger ces insuffisances pour ne pas tomber dans le piège du pouvoir.
L’autre insuffisance liée à la procédure, c’est que, quelques camardes qui se sont réunis soit disant en congrès, ont changé le bureau exécutif du parti de façon unilatérale. Nous avons dit que, ce qui prévaut encore à la tête du parti actuellement, c’est le bureau dirigé par Valentin Djènontin Agossou. Pour corroborer cela, c’est le secrétaire exécutif national Valentin Djènontin qui a convoqué le bureau politique où tous les membres présents sur le sol national étaient présents. Quatre des six qui sont à l’extérieur, qui ne peuvent pas rentrer, ont été représentés. C’est-à -dire que les 15 sur le sol national étaient présents, y compris Paul Hounkpè et Théophile Yarou qui sont membres du Bureau politique.
Et c’est au titre du Sena 1 remplaçant Valentin Djènontin Agossou, que Théophile Yarou a dirigé la séance. Donc il n’est pas du tout dit que l’unanimité a été faite autour du récépissé mais la question devait être en étude pour voir comment est-ce qu’il faut parer au coup du pouvoir. Coup qui ne manquerait pas d’arriver étant attendu qu’on connait le fonctionnement de ce pouvoir.
Le parti donne l’impression d’une formation en explosion. Qu’en dites-vous ?
C’est la manœuvre du pouvoir de la rupture de s’appuyer sur quelques camarades en notre sein pour donner cette impression et pour conduire à l’explosion du parti et à sa disparition comme il a été fait pour d’autres partis existants sur le sol national avant l’avènement de ce régime. C’est une manœuvre pour détruire le parti. Mais Fcbe est un grand parti. Ce qui le fait, c’est surtout ses militants.
Les militants, d’après les réactions que nous enregistrons, comprennent bien la manœuvre qui est en cours étant entendu que le pouvoir de la rupture est rejeté à cause de sa façon de gérer le pays, à cause de ses prétentions à s’accaparer de tout et à étouffer toutes les libertés. Nos militants comprennent bien qu’il s’agit de coup venant de ce pouvoir et ne se laisseront pas faire.
Qui conduit aujourd’hui le parti Fcbe ?
C’est le Bureau exécutif issu du congrès de Parakou. A la tête de ce bureau exécutif se trouve comme secrétaire exécutif national, Valentin Djènontin Agossou. Ce sera cela jusqu’au progrès congrès, jusqu’au moment où le parti décidera en une instance régulière, de procéder autrement. Mais il n’y pas eu de congrès, il n’y a pas eu d’instance régulière qui ait décidé autrement jusqu’ici.
Avez-vous les nouvelles et la position du président Boni Yayi sur cette situation au sein du parti ?
Le président Yayi va de mieux en mieux ; il se rétablit. Il suit la situation et il a déjà donné sa position sur sa page facebook avec sa photo qui accompagne. Cette position, nous l’avons lue à une sortie médiatique. Il est contre ce congrès pirate ; congrès pour lequel il n’a pas été informé et il n’est pas informé qu’on a changé de bureau. Ce qui est contraire à nos textes.
Evidemment, nous ne savons pas quels sont les nouveaux textes déposés au ministère de l’intérieur, mais les textes qui nous régissent depuis le congrès de Parakou, corrigés quelques peu pour nous accommoder à la nouvelle charte, sont toujours en vigueur à notre niveau. Dans ces textes, sur ces questions importantes d’orientation du parti, il faut prendre l’avis du président d’honneur. Ce qui n’a pas été le cas.
Cet après midi, on aura deux conclusions sur la crise sociopolitique au Bénin. Laquelle sera celle des Fcbe ?
Je n’attends pas grande chose de l’exactitude de l’analyse des causes de la crise sociopolitique venant du palais des congrès. Il semble qu’il y a des mesures qui sont projetées. On s’y attend parce que le gouvernement et le président Talon sont sous forte pression au niveau national et international. De ce point de vue, c’est difficile pour lui de se dérober à un certain nombre de mesures.
Ce que nous pensons, c’est que ces mesures ne peuvent qu’être superficielles parce que la crise est très profonde et pour prendre des mesures radicales, permettant de l’endiguer véritablement, il aurait fallu que l’ont ait satisfait à un certain nombre de conditions qui permettent de réunir toutes les couches sociales de notre pays autour d’une table pour décider de la façon dont le pays va continuer d’être géré parce que le consensus au niveau de la conférence nationale a été détruite. Toutes les institutions issues de la conférence nationale qui ont permis que le pays au moins avance du point de vue démocratie, qu’il y ait des alternances pacifiques, sont saccagées, soumises, et par conséquent, ne peuvent plus jouer leur rôle véritablement.
Il n’est pas possible que les mesures du palais des congrès soient des mesures réellement profondes. Ça va être des trompes l’œil pour tromper l’opinion nationale et internationale. Par exemple, libération des détenus politiques et quelques autres petites mesures. C’est très bien, on prendra comme avancées de la lutte du peuple béninois soutenu par la communauté internationale. Mais cette lutte doit se poursuivre pour que des conquêtes plus grandes puissent être obtenues.
Mais le pouvoir n’ira pas dans ce sens. Ce sera pour se faire paraître comme magnanime et faire paraître ceux qui les ont rejoints au dernier moment comme des gens ayant apporté quelque chose au mouvement démocratique, au mouvement en cours, par leur participation à ce pseudo dialogue. Ce qui est complètement faux. Ce n’est rien de tout ça qui a permis ces mesures là . C’est qu’il était devenu intenable pour ce pouvoir.
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