Sans consensus national, la constitution du Bénin a été déflorée au bout de 29 ans de résistance à des assauts répétés. Les députés de la 8è législature ont donc réussi à réviser, de façon unilatérale, la constitution tant voulue par Patrice Talon notamment en y introduisant ce qu’ils estiment nécessaire pour le Bénin actuel.
On dira que la messe a été dite tôt un vendredi 1er novembre 2019. Ni les opposants, ni le peuple ni le climatiseur qui a pété à l’assemblée cette nuit n’ont réussi à empêcher les députés de la 8è législature à violer la constitution du 11 décembre 1990. Après les deux tentatives de Boni Yayi, une de Mathieu Kérékou et deux de Talon, la loi fondamentale du Bénin a été donc été révisée.
Et désormais, le mandat des conseillers de la Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication (HAAC) est de cinq, renouvelable une fois. Les députés ne pourront plus faire plus de trois mandats à l’assemblée nationale. Le Bénin dispose désormais d’une Cour des comptes, un outil annoncé redoutable contre le gangstérisme au sommet de l’Etat.
Les innovations
Dans cette nouvelle constitution, les femmes bénéficient d’une discrimination positive qui leur permet d’avoir d’office 24 sièges dans les 109 que va compter désormais le parlement. A partir de 2026, le Bénin va rentrer dans l’ère des élections générales avec l’alignement des mandats à tous les niveaux.
Désormais, donc les députés, les élus locaux et communaux et le président de la République ont des mandats de cinq. La présidentielle, les législatives et les locales vont être organisées dans la même année. Les députés ont instauré un poste de vice-président dans la composition du gouvernement.
Ce vice-président va assurer la vacance du pouvoir et va terminer le mandat en cours en cas d’incapacité du président. L’article 42 de ce qui convient d’appeler ancienne constitution a été renforcé. Un président de la République ne peut faire que deux mandats dans sa vie. Mais, il lui est permis d’opérer des ratifications des accords de prêt et a 90 jours pour en informer le parlement. On note aussi institutionnalisation de la chefferie traditionnelle.
Révision unilatérale!!!!
En clair, les Béninois se sont réveillés ce vendredi avec une nouvelle constitution. Œuvre de 83 députés contestés, issus de la mouvance présidentielle qui sont, depuis leur installation, en quête de légitimité. Ces 83 députés ont été désignés par moins d’un quart des Béninois en âge de voter après que Patrice Talon et son gouvernement aient pris le soin d’écarter tous les partis de l’opposition.
Mieux, il ressort aujourd’hui que cette révision n’a fait objet d’aucun consensus. En témoigne la sortie d’hier jeudi 31 octobre 2019 du parti Force cauris pour un Bénin émergent (FCBE) aile Paul Hounkpè. Partie prenante du dialogue politique des 10, 11 et 12 octobre 2019 et a priori seul parti de l’opposition à ses assises, ce parti dit ne pas se reconnaître entièrement dans le rapport du comité d’expert chargé de la formulation des recommandations du dialogue en avant-projets de lois.
Paul Hounkpè et Cie assurent qu’il n’a jamais été question d’une quelconque révision de la constitution lors du dialogue politique. Ils ont même mis en relief le déséquilibre idéologique dudit comité d’experts qui est composé de six représentants de Patrice Talon, d’un de l’opposition et deux experts techniques. Pour donc révision la constitution béninoise, Talon n’a pas cru devoir associer ni l’opposition, ni la société civile et autres forces vives de la nation.
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