Situé dans les forêts humides, le long des rivières dans les zones arides de savane, ce poivre est d’origine africaine. Encore appelé le Poivre de Guinée, de Sélim, ou Poivre long long en Côte d’Ivoire, African pepper en anglais, ou Poivre d’Éthiopie (Xylopia aethiopica), c’est une plante de la famille des Annonaceae. Il a une multitude de noms locaux dans l’ensemble du continent africain. Ses fruits – de couleur marron foncé et de forme cylindrique – ressemblent à de cosses de haricot mais petite échelle.
D’une longueur de 2,5 à 5 cm, chacune peut contenir 5 à 8 graines en forme de reins. Les cosses sont aromatiques mais pas les graines. Ainsi l’ensemble donne un goût aromatique, légèrement amer et un peu piquant, âcre semble être un mélange de cubèbe et de muscade. L’huile essentielle présente de 2 à 4,5% dans chaque fruit, est principalement constituée de bêta pinène, de linalool (E), de 3-éthylphénol et autres terpènes, ainsi que de traces de vanille.
Il existe d’autres espèces exemple le Xylopia parviflora, etc.
Histoire
Découvert pour la première fois en Éthiopie par les marchands arabes et plus tard par les européens au Ghana durant l’esclavage, cette épice africaine remplie de bonheur les ménages du monde entier jusqu’au 16ième Siècle où la vedette lui est arraché par le poivre noir indien.
Aujourd’hui il est difficile d’en trouver hors des pays producteurs. Cette plante qui pousse plus à l’état sauvage est très prisée dans ces pays.
Utilisation
En cuisine, les fruits séchés puis écrasés sont utilisées comme épices dans tout type de repas. Ainsi certains plats traditionnels ne seraient être appréciés sans le poivre de Sélim. Les fruits séduisent également pour leurs vertus aphrodisiaques très prisées et médicinales. Par exemple au Sénégal, il sert à parfumer le café Touba. Dans la majorité des pays africains, il est ajouté à la bouillie des enfants. Au Cameroun, les Banen utilisent son écorce moulue pour assaisonner la pâte de banane plantain aux feuilles de macabo ou le Xanthosoma sagittifolium une autre plante tropicale appréciée. Les jeunes pousses du Xylopia sp. sont consommés aussi comme des épinards.
En construction, son écorce est très recherché pour réaliser les portes, les huttes, les bateaux, les toitures, les échelles, des arcs et arbalètes pour les chasseurs/guerriers car il est très résistant aux termites. Le bois est un bon combustible pour le chauffage des bateaux à vapeur. En médecine, le fruit est anti-fongique, anti-bactérien, et règle les affections hépatiques, la dysenterie, les douleurs fébriles, les piqûres d’insectes, les bronchites, la grippe. L’écorce trempée dans du vin de palme permet de calmer l’asthme, les rhumatismes et les maux de ventre. Sa tisane (5 gousses à bouillir dans 1L d’eau), sert de prévention et est bon pour faire un régime. La décoction de feuilles s’emploie pour solutionner le vomi et les rhumatismes. Dans le cas de la gynécologie, la pulpe et l’épicarpe du fruit s’utilisent dans la composition d’une potion contre l’herpes vaginal. Il est un très bon calmant de maux de dos et peut servir lors des règles douloureuses
En dentition, les racines – aussi aromatiques que les gousses – sont utilisées en décoction concentrée contre les maux de dents. En cosmétique, le poivre de guinée est associé à d’autres ingrédients naturels dans la fabrication de savon et de pommade. Son huile essentielle attire plus d’un. Sa pommade à base de beurre de karité/cacao et de son huile essentielle ou de poudre de sa racine, de son écorce ou de ses fruits, est un excellent anti-douleur.
Grande confusion
Les colons européens ont souvent confondu le poivre de Guinée et le piment de Guinée qui selon les uns et les autres étaient soit du piment soit du poivre. Cela est dû à leur saveur légèrement piquante à laquelle ils ne sont guère habitués. Aussi, les africains ne voyant pas cette épice exportée comme la majorité et existante dans certains rituels traditionnels, se sont accaparés l’origine. C’est pour ça il est nommé Poivre de chaque pays africain (poivre du Bénin, poivre camerounais, kili, poivre d’Angola, etc). Le nom poivre de Guinée est dû au golfe de Guinée qui loge une grande partie des côtes de l’Afrique de l’Ouest. De même, les plantes dans chaque pays sont des espèces différentes avec quelques particularités différentes, ce qui explique que son nom en Afrique soit si personnalisé.
De nos jours
Le Xylopia aethiopica a un potentiel commercial très peu exploité et qui pourtant est demandé autant dans les marchés locaux qu’à l’international. Mais il fidélise sa clientèle sans cesse croissante auprès des femmes africaines qui se remettent à ses propriétés médicinales pour renforcer leur capacité de reproduction ou traiter les infections. Toutefois, ce serait intéressant de pouvoir lui redonner sa place à l’international.
Observations
L’histoire des épices africaines emmène à se poser quelques questions de légitimité sur :
- le délaissement des notions ou pratiques africaines des végétaux
- la banalisation des notions ancestrales efficaces pourtant à faible coût qui donneraient plus accès aux services de santé de proximité
- et la place que devrait avoir la pharmacopée dans les sociétés
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