Bénin: S. Quenum et Paulin Hountondji ne s’accordent pas sur le 3è acte fondateur de la République

Le ministre de la justice Sévérin Quenum, lors de la cérémonie d’ouverture du colloque international organisé par l’Association béninoise de droit constitutionnel (ABDC), a indiqué, vendredi dernier ce qui peut être considéré comme troisième acte fondateur de la République du Bénin. Mais, l’ancien ministre de l’Education Paulin Hountondji trouve inacceptable le choix du Garde des sceaux.

A l’occasion de l’ouverture du colloque international de l’ABDC sur les 30 ans de la conférence nationale des forces vives de la nation du Bénin de février 1990, le ministre de la justice Sévérin Quenum a estimé que le dialogue politique d’octobre 2019 initié par Patrice Talon est le troisième fondateur de notre République. Ce que le professeur de Philosophie Paulin Hountondji considère comme raisonnement bizarre dont il faut se prémunir.

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Dans son raisonnement, le ministre Quenum estime que l’indépendance acquise le 1er août 1960 est le premier acte fondateur de la République du Bénin. Mais, elle a donné suite à «une stabilité chronique que ne prit fin qu’avec l’instauration du PRPB (Parti de la révolution populaire du Bénin) dont le délitement allait ouvrir la voie à une renaissance de nos institutions ». Pour le ministre, cette renaissance eut pour matrice la Conférence nationale des forces vives de la nation. Inédite en Afrique cette époque, «cette réminiscence de l’arbre à palabre cher à nos aïeuls, constitue probablement le second acte fondateur de notre République ». Il a permis de doter notre pays d’une loi fondamentale.

Selon lui, la Conférence nationale de 1990 a suscité beaucoup d’espoir. Elle a jeté les bases d’un Bénin nouveau. Mais, hélas, «notre pratique démocratique en jetant un regard rétrospectif sur ces 30 dernières années, a révélé que si inspiré que fut ses auteurs, le texte constitutionnel de 1990 n’a pu nous prémunir contre les velléités de patrimonialisation du pouvoir, la reproduction dans le champ multipartisme des réflexes de replis identitaire, le clientélisme parlementaire dans sa forme la plus abjecte voire la corruption généralisée ». Selon lui, ce sont autant de travers «qui contribuaient à l’instauration et à la perpétuation d’une gouvernance toute entière vouée à la cause du sous-développement pour le plus grand malheur des larges masses laborieuses de notre pays ».

Consensus trouvé

Le ministre Sévérin Quenum a rappelé que tout «le monde se demandait s’il ne fallait pas reviser la constitution ». Selon le ministre, il a fallu les législatives d’avril 2019 «pour que se forme définitivement un consensus sur la question ». Le dialogue national convoqué dans la foulée par le président Talon a permis d’en définir les grandes articulations aboutissant au vote en novembre 2019 d’un amendement constitutionnel.

Et le ministre Sévérin Quenum estime que la loi 2019-40 du 7 novembre 2019 portant modification de «notre constitution est à bien des égards à la loi 90-32 du 11 décembre 1990 portant constitution de la République du Bénin, ce qu’est le nouveau testament à l’ancien. Un complément à la fois indispensable et salutaire ». Alors, il pense que «de là à considérer que le dialogue politique tenu à Cotonou en octobre 2019 constitue le troisième acte fondateur de notre histoire politique, il n’y a qu’un pas que seule la postérité juge légitime des réformes actuelles pourra franchir avec l’aisance que lui confère l’avantage du recul ».

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«Tcho ! Ayez pitié !… »

Pour l’ancien ministre de l’Education nationale, Paulin Hountondji «il y a certains raisonnements bizarre contre lesquels nous devons nous prémunir ». «J’ai entendu tout à l’heure quelque chose d’extraordinaire. Le dialogue politique d’octobre 2019 sera peut-être, un de ces quatre matins, considéré comme le troisième acte fondateur de notre République. Tcho! (interjection en langue fon parlée au sud du Bénin) Ayez pitié ! », a laissé entendre le professeur.

Il pense que si l’on continue ainsi, un de ces jours, «on décidera que 2+3 est égal à 20 ». Et «on attendra de nous, que nous applaudissions ». C’est pourquoi, il pense qu’il faut que «nous fassions l’effort de revenir au bon sens ». Sans ambages, il estime que «le dialogue politique d’octobre 2019 ne peut sous aucun prétexte être mis sur le même plan que l’accession de notre pays à l’indépendance et la refondation collective de la constitution ».  

7 réponses

  1. Avatar de OLLA OUMAR
    OLLA OUMAR

    Ces deux ne peuvent guère s’accorder ; Quenum lui est un avocat certes , aventurier , mafieux comme son patron , magouilleur , et l’autre hountondji , grand philosophe , et en plus vertueux

  2. Avatar de sultan aziz
    sultan aziz

    Conquérir le pouvoir…n’est rien…mais le garder pour toujours…est un véritable cauchemar

    La peur de perdre le pouvoir…est une épreuve cruelle…n’est ce pas…

  3. Avatar de sultan aziz
    sultan aziz

    En vérité…le pouvoir ne rend pas son détenteur grand…mais plutot le rend petit en mettant à nue…ses tares

    C’est ce à quoi nous assistons

  4. Avatar de Napoléon1
    Napoléon1

    Dans un Etat de droit il ne saurait en aucun cas être accepté que l’armée nationale massacre les populations à mains nues sous prétexte du maintien de l’ordre. Aucun dialogue politique, aucune amnistie ne sauraient effacer ce crime de sang commis sur des innocents.

  5. Avatar de Napoléon1
    Napoléon1

    Avocat et ami du Président qui le nomme ministre, ne peut chanter la voix de son maître. Mais de-là à tenter de mettre un dialogue politique exclusif organisé après des élections législatives qui ont accouché d’un parlement de sang au même pied d’égalité que l’acte de la fondation de la République, on ne peut plus verser dans l’absurdité plus que cela. Ò MÀ SE O !

  6. Avatar de Bito
    Bito

    Merci Paulin Hountondji, tout le monde ne peut pas vendre leur conscience à un commerçant, le régime de la rupture n’est qu’un régime de mensonge

    1. Avatar de (@_@)
      (@_@)

      J’ai toujours pensé que les 2 lascars passés ministres de la Justice dans ce gouvernement, étaient au moins à côté de leurs pompes et incompétents…
      \\\\ ///
      (@_@)

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