Romuald Wadagni ne se dédit pas. Depuis sa dernière tribune dans le magazine Jeune Afrique, le ministre béninois des finances continue de penser que c’est une mauvaise idée d’accepter un moratoire sur la dette des pays africains afin de leur permettre de gérer au mieux la crise sanitaire actuelle. Il a encore fait valoir son argumentaire dans un récent entretien accordé à TV5 Monde. « Il y a peut-être quelques pays qui ont des cas particuliers et qui méritent de considérer avec attention l’intérêt d’un moratoire ou pas ; mais de façon générale pour l’Afrique, ce que nous notons c’est que un moratoire de quelques mois ne fait que repousser les difficultés à l’année prochaine » a déclaré l’argentier national.
Il fait par ailleurs savoir, que le fait d’accorder un moratoire au budget ne donne pas les moyens d’affronter les dépenses nouvelles du Covid-19. Ça ne donne pas les moyens de continuer à apporter du soutien aux populations vulnérables qui souffrent des restrictions de mobilité et du double choc sur la demande et sur l’offre poursuit-il. L’argentier national est fermement convaincu qu’il faut faire des choses « qui ne nous empêchent pas demain de continuer sur le chemin de la croissance ».
Il ne faut pas se dérober aux engagements en prenant l’indulgence pour excuse
En Afrique, la nécessité pour nos gouvernements d’investir pour impulser la croissance, afin de répondre aux besoins de nos populations vulnérables est forte. Les investissements à faire par les Etats ne peuvent se faire qu’à l’action financement, estime l’argentier national. Toute solution qui rendrait difficile ou coûteux l’accès au financement futur handicape notre capacité à renouer avec le chemin de la croissance, soutient-il. Quand on lui demande alors ce qu’il propose en lieu et place du moratoire sur la dette, il parle de DTS (Droits de Tirage Spéciaux). Ce sont des liquidités que le Fonds monétaire international met à disposition.
A l’en croire cet instrument a été utilisé pendant la crise de 2008. Il a permis aux pays de répondre à la crise mais aussi de relancer la capacité de produire de la richesse et de faire face aux engagements. Le mot engagement est précieux pour le ministre. En effet, il pense qu’en Afrique, il faut respecter ses engagements et ne pas s’y dérober en sollicitant une certaine indulgence. On peut rembourser la dette si nous nous assurons que la manière dont nous finançons nos investissements, la manière dont nous exécutons ces financements est transparente et cohérente, assure M Wadagni.
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