Succession au trône à Savalou : « Intrigues » et « tripatouillages » des règles dans la désignation du Vidaho

L’occupation du trône à Savalou a dressé, depuis la mort de sa Majesté Dadah Gandjègni Awoyo Gbaguidi XIV, roi de la cité des Sohavis, le lit à des intrigues et de manipulations des règles préétablies. De sorte que la succession au trône se fait dans une cacophonie et un passage en force orchestrés par l’une des quatre lignées préposées au règne. Face aux polémiques et contestations qui entourent la succession au trône depuis le choix de Arsène Ganfon comme le Vidaho, votre journal s’est rapproché d’un natif de Savalou. Descendant de la collectivité Aïgnon Dadavodoun Gandigbé, Evariste Sossa Ganfon explique ce qui se passe actuellement à Savalou.    

Le royaume de Savalou par le passé s’est illustré par la qualité de sa gestion des successions au trône. Cette situation pacifique le royaume le doit à son 11ème Roi sa Majesté Dadah Gandigbé  Gbaguidi. Ayant fait le constat que la succession au trône a toujours été l’occasion de déchirements entre les princes Gbaguidi, le roi Gandigbé avait réuni ses frères pour instituer une royauté tournante entre les quatre lignées Gbaguidi de Savalou que sont Gougnisso-Goumoan, Lintonon, Zoundégla et Aignon Dadavodoun Gandigbé. Ainsi, le 12ème roi de Savalou sa Majesté Dadah Houéssolin était issu de la lignée Lintonon, le 13ème roi Dadah Tossoh issu de la lignée Zoundégla et le 14ème Dadah Gandjègni de la lignée Gougnisso-Goumoan.

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La disparition de sa Majesté Gandjêgni offre donc l’occasion à la lignée Aignon Dadavodoun Gandigbé d’accéder au trône de Savalou. Par ailleurs, la lignée Gandigbé est reconnue par l’acte royal no005/Roy-SVL/PAL-Royal du 08 Février 2016. Cet acte royal a rétabli la dénomination de la lignée autrefois dénommé lignée Dadavodoun et stipule en son article 3 «la seule lignée royale qui engendre les descendances Aïgnon Dadavodoun Gandigbé est la lignée Gandigbé ». Mais voilà ! Ce qui pose problème aujourd’hui, ce n’est pas la légitimité de la lignée Gandigbé à choisir le prochain roi. C’est bien les vices de procédure ayant conduit d’une part, à la décision de suspension de la désignation du nouveau roi par le tribunal de première instance de deuxième classe de Savalou et d’autre part, au choix d’un Vidaho (l’aîné de la famille), le futur roi. 

Que s’est-il passé ?

Les premières difficultés dans le processus ont démarré avec le choix du régent à qui, il revient la responsabilité de diriger le processus de succession. Sous la direction du chef de collectivité Gandigbé, Dah Gansihoun, Simon Tamégnon a été proposé comme régent en méconnaissance de la disponibilité d’un patriarche plus âgé en la personne de Cyrille Gandigbé. Selon Evariste Sossa Gandigbé, membre de la collectivité Aignon Dadavodoun Gandigbé,juste après le décès du roi, «on met en place une régence ». Et «Le régent est désigné dans le groupe des personnes âgées de la collectivité c’est-à-dire le patriarche de la collectivité ». Il y a eu des candidats mais en fin de compte, «on a constaté que l’aîné de la collectivité, c’est le patriarche Cyrille Gbaguidi Gandigbé ». «La démarche pour son installation a été faite. Mais le chef de la collectivité Dah Gansihoun Allomaho ayant été embrigadé par une collectivité, n’a pas cru devoir écouter certains membres de la collectivité qui pouvaient avec lui, aller jusqu’à la désignation du futur roi », a informé Evariste Sossa Gandigbé. Pour preuve, au cours de la transition entre sa Majesté Dadah Gandigbé et Dadah Houéssolin, un régent a été choisi, même chose au cours des transitions Houéssolin-Tossoh et Tossoh Gandjêgni. La supercherie a atteint son comble lorsque Dah Gansihoun, chef de la collectivité Aignon Dadavodoun Gandigbé qui a longtemps soutenu qu’il n’y aura pas de régent, s’est autoproclamé régent et a organisé la succession au trône.

De la plainte

Ne pouvant plus accepter le faux, un groupe de sages dont Cyrille Gandigbé, Houéhanou Gbaguidi, Gandigbé Aïdonon Dédédji, a décidé de porter l’affaire devant le tribunal de première instance de deuxième classe de Savalou. Selon Evariste Sossa Ganfon, c’est la procédure de la désignation du patriarche dont le rôle est d’organiser les funérailles du roi défunt et  la désignation du Vidaho de commun accord avec ses pairs, qui n’a pas été respectée. Ayant connu de l’affaire, le tribunal par le jugement n05/C M/20 du 14/04/2020 a décidé de suspendre le processus en cours avant de renvoyer l’affaire au 5 mai 2020. Mais, les partisans du coup de force ont décidé de braver la justice en allant au bout de leur logique. Arsène Ganfon sera présenté quelques jours plus tard dans un palais royal militarisé en qualité de Vidaho.

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De l’imposture 

«Jusqu’à preuve du contraire, un oncle ne peut pas aller se mettre à genoux devant son fils. Je suis son oncle et il y a un autre Ganfon comme moi, Romain Ganfon qui est aussi son oncle. Et nous sommes des candidats donc normalement il devait s’éclipser », a confié Evariste Sossa Ganfon. Car, ce choix, loin de faire l’unanimité, a créé  plus de mésentente au sein de la lignée Aignon Dadavodounon Gandigbé. Il relève qu’il a «vu au niveau de l’assemblée nationale la présentation par exemple dudit Vidaho, Arsène Ganfon ». Ce qui est malheureux selon lui, c’est qu’il a «vu à ses côtés des députés, ceux qui sont censés voter les lois, ceux qui sont censés protéger les lois ». Des gens sont allés présenter Arsène Ganfon au président de l’Assemblée «en violation flagrante des textes de la République ». Il rappelle, qu’il y a au moins neuf tatas de la collectivité Ganfon à Savalou mais, le Vidaho désigné ne fait pas l’unanimité. Mieux, il est convaincu que «même avec un vote à main levée, on ne peut pas désigner Arsène Ganfon ». Ceci dit, il précise qu’il n’y a pas 21 tatas à Savalou.

De la médiation

Conscient du climat délétère qui caractérise le processus, un groupe de hauts cadres de Savalou a initié une médiation. Une rencontre a eu lieu dans ce cadre au domicile de Jeannot Gbaguidi à Cotonou. Après les échanges, il a été retenu la mise en place d’un comité de sept sages pour concilier les différents camps. En contrepartie, il a été suggéré au représentant du clan Gandigbé, à cette séance, de négocier et d’obtenir de ses pairs le retrait de la plainte au tribunal. Des recommandations malheureusement foulées au pied par les partisans du passage en force qui ont désigné unilatéralement et à la surprise générale un Vidaho. C’est pour quoi, la désignation de Arsène Ganfon comme le Vidaho est objet de contestation dans la lignée.

(Affaire à suivre)

6 réponses

  1. Avatar de sultan aziz
    sultan aziz

    Les mahi..sont un sous groupe fon..

    Donc les intrigues..et autres turpitudes…font partie de leur adn

    C’est ce que nous vivons ua benin depuis

    Je le dis…notre vie commune avec les f…est une malédiction

    1. Avatar de Tchité
      Tchité

      Si tu veux que ta vie soit une malédiction, elle la sera, mais je ne te la souhaite pas. Les paroles ont une force. Sachez les utiliser.

  2. Avatar de Étoiles filantes
    Étoiles filantes

    Rien de nouveau sous ce soleil. Les affaires des palais ( toutes catégories confondues) sont remplies d’intrigues depuis la nuit des temps. Hélas!

  3. Avatar de Tchité
    Tchité

    Vivement, qu’ils travaillent en harmonie pour l’avancement de Savalou, la belle.

  4. Avatar de Tchité
    Tchité

    Dadah Tossoh fut a grand réformiste, mais malheureusement, il fut parti tôt.

    Comment se fait il qu’ils meurent tous tôt ces rois là ?

    1. Avatar de Étoiles filantes
      Étoiles filantes

      Vous nous demandez pourquoi les rois partent tôt ? Voici une des explications possibles : Une intrigue installe le Roi, une nouvelle intrigue le fait partir. Et une nouvelle intrigue instable le nouveau Roi. Et ansi de suite. Pour mémoire, aucun Cesar n’est mort dans son lit d’hôpital. Ils ont tous fini, assassinés. Bonsoir

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