Comme c’est de tradition, le président de la République du Bénin va prononcer un discours sur l’état de la nation avant la fin de l’année. Ainsi, le président Patrice Talon s’apprête pour, une fois encore, se prêter à l’exercice. Mais, pour le professeur Simon-Narcisse Tomety, ce rituel n’a plus sa raison d’être sous le régime de Patrice Talon. Et il éprouve une gêne à l’idée que Talon va encore s’y mettre cette année.
«Je ne suis pas sûr que la huitième législature ait été mandatée par une quelconque nation béninoise », indique le professeur. Pour lui, «elle tire sa légitimité d’une procédure administrative d’exception et non d’une légitimité élective ou populaire ». Il estime même qu’il y a «des députés sans référence territoriale donc des députés-nommés ». Le professeur rappelle que le contrôle parlementaire de l’action gouvernementale est une prérogative constitutionnelle des députés agissant au nom de la nation pour faire prévaloir la bonne gouvernance, la justice sociale et l’intérêt général. Mais, depuis 2016, «les députés individuellement et collectivement n’ont pas le droit de contrôler l’action gouvernementale ». Il fait la confidence qu’un député qui a une longue expérience de la vie parlementaire trouve que «les parlementaires ne parlementent plus, tout se chuchote, leurs paroles ne sont plus audibles, ils ne peuvent pas critiquer le gouvernement ».
Un pouvoir autoritaire selon lui
A l’en croire, «la normo-communication étant la règle de communication par le silence et la peur, comment un parlement sans voix peut-il parler au nom du peuple et recevoir la parole du président de la république au nom de la nation? ». Et il trouve cela gênant. Pour Simon-Narcisse Tomety, il faut comprendre que le lien fusionnel qui existe sous ce quinquennat entre pouvoir exécutif, pouvoir législatif et pouvoir judiciaire permet au chef de l’État «d’incarner un pouvoir exécutif autoritaire qui écrase et étouffe tous les autres pouvoirs ». Alors, il se demande pourquoi présenter devant le parlement un discours sur l’État de la nation quand le pays n’est plus sous un régime de séparation des pouvoirs ? Et donc, «ce rituel de fin d’année appelé discours sur l’état de la nation ne devrait pas être présenté au parlement, à la limite une lecture depuis la présidence de la république est largement suffisante tenant compte de la perte de légitimité dont souffrent les institutions au Bénin ».
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