En s’acharnant sur Réckya MADOUGOU, l’UP et le BR s’évitent un problème politique encore plus compliqué, à savoir Frédéric Joël AÏVO. Les deux principaux partis de la majorité présidentielle observent un silence embarrassé face aux accusations portées contre eux par le candidat du FRD lors de sa conférence de presse du 16 Février dernier
La classe politique béninoise semble empêtrée dans une immense crise due à la gestion des parrainages. Les accusations, les déballages et les procédures judiciaires s’enchaînent depuis que la Cena a publié la liste provisoire des duos retenus pour le scrutin. Une liste d’où sont absents tous les poids lourds de l’opposition, faute de parrainages. « L’ambassadeur Moïse KÉRÉKOU et moi-même avons présenté un dossier complet, auquel il ne manquait que les parrainages qui ont été braqués par les deux partis du chefs de l’État », avait accusé mardi dernier devant la presse nationale et internationale, l’initiateur du dialogue Itinérant qui a été pendant presque deux, le seul acteur politique à assumer sa volonté d’affronter le président sortant dans les urnes. Et le professeur Frédéric Joël AÏVO d’ajouter que la liberté de parrainer professée jusqu’à l’ouverture de la période du dépôt des dossiers n’était qu’un « miroir aux alouettes ».
Stratégie et méthode
Car en fin stratège, soucieux de réaliser un équilibre difficile entre sa contestation du système de parrainage dont il « n’était pas dupe » et la nécessité « d’offrir des solutions démocratiques aux béninois », le professeur de droit et ses alliés du FRD ont pris quelques dispositions juridiques pour éprouver l’échafaudage politique mis en place par le Président Patrice TALON et ses alliés. Mardi dernier, le professeur a brandi deux exploits d’huissier prouvant que la coalition des partis, mouvements et personnalités politiques ayant investi le duo Aïvo-Kerekou a bel et bien demandé les parrainages pour ses candidats. Une stratégie qui, contrairement à celle qui défraie la chronique depuis quelques jours, offre peu de place à la polémique. D’où la gène manifeste qui s’observe dans les rangs de la mouvance présidentielle qui a pourtant multiplié ces derniers jours les conférences de presse et les interviews, sans jamais évoquer le cas AÏVO.
Un adversaire coriace
Car en deux ans de Dialogue Itinérant, Joël AÏVO s’est révélé comme un morceau politique dur à manœuvrer. Incollable sur le bilan du quinquennat et clairvoyant sur les solutions, l’initiateur du Dialogue Itinérant n’a jamais été pris à défaut par le pouvoir. À part quelques escarmouches médiatiques vite étreintes et des manœuvres souterraines pour entraver son ascension, le régime aura soigneusement évité la confrontation directe avec lui, pendant que lui tissait méthodiquement sa toile sur l’ensemble du territoire national. « La vague populaire que nous avons réussi à lever au Bénin et dans la diaspora est désormais capable de gagner cette élection », rappelait-il encore le 16 Février dernier. Il apparaît évident que le pouvoir n’a aucune envie, en tout cas aucun intérêt à parler d’un dossier embarrassant. En s’acharnant sur Réckya MADOUGOU, le régime s’évite d’affronter sa plus grande peur.
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