Sans doute parce que l’interpellation de dame Reckya Madougou par la Police béninoise mercredi 3 mars 2021 en soirée est intervenue juste après le meeting politique de l’Opposition béninoise tenue à Porto-Novo, l’essentiel du message de la sortie a semblé échapper à l’opinion publique. Tout en appelant à la mobilisation du peuple contre l’injustice et pour une élection présidentielle inclusive, tous les discours prononcés à l’occasion sont restés constants pour prôner la paix et la non-violence.
« N’ayez pas peur, il ne se passera rien ; il n’y aura pas de violence, il n’y aura pas de mort, il n’y aura pas de casse, mais le problème, nous allons le régler ». C’est en ces termes que Joël Aïvo a assuré aux militants venus nombreux participer au meeting du Collectif de l’Opposition mercredi 3 mars 2021 à Porto-Novo, que le 6 avril 2021, un nouveau Président prêtera serment à la tête de l’Etat béninois. Pour le professeur de Droit public investi début février candidat à la prochaine présidentielle, tout comme pour Nadin Kokodé, l’un des Chefs de l’Opposition, il n’est pas question que la mouvance au pouvoir réussisse une troisième fois à voler aux Béninois une élection, comme ce fut le cas ces deux dernières années, à l’occasion des législatives puis des communales.
Pour l’opposition, ce discours empreint de détermination pour défendre le peuple béninois spolié de ses droits démocratiques, notamment celui d’avoir à faire librement un choix à l’occasion des élections, prône en toile de fond un combat politique pacifique, sans violence et sans dégâts. Et cette ligne était commune à tous les leaders de l’Opposition ayant pris la parole lors du meeting.
Reckya Madougou, elle aussi investie candidate à l’élection présidentielle par le parti Les Démocrates, membre du Collectif de l’Opposition, alors qu’elle allait être interpellée un peu plus tard par la Police pour terrorisme présumée, dans son intervention lors du meeting, a décliné l’esprit dans lequel combat l’Opposition : « nous voulons la paix, nous nous battons pour la paix, mais nous utilisons toutes les voies démocratiques qui sont à notre portée pour … combattre ». Son chef de parti, Eric Houndété, a lui, insisté sur l’importance de préserver la paix : « la paix doit rester pour nous un objectif essentiel, parce qu’il n’y a pas de développement s’il n’y a pas de paix sociale », a affirmé le président du parti Les Démocrates.
Partageant la même position que dame Madougou qui a noté qu’« il faut être deux parties pour construire la paix », le président du Collectif de l’Opposition, Valentin Houdé, va rappeler à la mémoire des acteurs de la mouvance au pouvoir que pour sauver l’unité de notre pays, la seule voie pacifique de sortie de crise qu’ont montrée les pères du renouveau démocratique béninois, fut la conférence nationale de 1990 sur fond de consensus. Il appelle donc le chef de la majorité, le président Patrice Talon, à prendre une décision courageuse : « permettre à tous les fils et filles du pays ayant un projet à soumettre à l’appréciation des Béninois, de le faire librement » et que le peuple souverain juge.
Dans le processus électoral de la présidentielle en cours, les candidats issus de l’Opposition, se sont vus recalés par la Commission électorale, faute de parrainages, à leurs dires « confisqués par la mouvance présidentielle ». Mais ils ne démordent pas et restent déterminés à y prendre part dans la paix : « il s’agit d’un combat pacifique mais résolu devant lequel nous ne reculerons pas quels que soient les intimidations, les obstacles et les brimades », a laissé entendre mercredi dernier le professeur Aïvo.
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