Février a été un mois décisif dans le processus électoral en cours au Bénin. Avec le choix définitif des candidats faits par la Cena et validé par la Cour constitutionnelle, cette élection perd son caractère démocratique et inclusif et met fin à trente ans d’aventure démocratique au Bénin. En cause, le parrainage une nouvelle condition introduite dans la Constitution et le Code Electoral et qui fait obligation à tout candidat de requérir 16 parrainages de députés et ou de maires.
« Je dois avoir l’honnêteté de le dire, nous ne sommes plus en démocratie en république du Bénin. Je dis bien, nous ne sommes plus en démocratie en république du Bénin ». Ces propos tenus il y a quelques jours sont ceux de Me Robert Dossou. L’ancien ministre et ancien bâtonnier donnait sa lecture de la situation politique du Bénin en fustigeant un détricotage de l’édifice démocratique en construction dans notre pays depuis la conférence nationale des forces vives de la nation de février 1990. Malheureusement, le processus électoral en cours actuellement dans notre pays ne donne pas plus d’espoir sur la restauration de l’édifice démocratique béninois.
Pendant ce mois, deux grands évènements ont accéléré le processus en cours. Il s’agit de la remise de la liste électorale à la Cena par le Conseil d’orientation et de supervision de la Lépi(Cos-Lépi). 5.523.524 électeurs sont inscrits sur cette liste et sont appelés à aller le 11 avril prochain. En décembre et en Janvier, on avait noté un faible intérêt des populations pour les phases d’actualisation de la liste électorale. Beaucoup ont estimé que le processus en cours actuellement ne rassure pas et ont décidé de boycotter les phases d’actualisation programmées et reprogrammées par le Cos Lépi. « Il y a peu d’engouement sinon la liste aurait eu plus de personnes enregistrées », affirme Wakouté Sguifa, Chef d’arrondissement de Cotiakou dans la commune de Tanguiéta interviewé par notre correspondant de l’Atacora-Donga.
« Talon contre Talon »
Le mois de février a été consacré à une phase importante du processus électoral. Il s’agit de la phase de dépôt et de validation des dossiers de candidature du 10 au 15 février 2021. Celle-ci a été précédée du retrait des fiches de parrainage par les 159 parrains que sont les 82 députés et les 77 maires. Vingt candidats( seul ou en duo) ont pu déposer leurs dossiers. Au bout du processus, c’est seulement les duos Talon-Talata Zimé, Corentin Cohoué-Irénée Agossa et Alassane Soumanou Djemba-Paul Hounkpè ont été retenus. Les dix sept autres duos ou candidat seul ont été recalés par la Cena pour défaut de parrainages dans leurs dossiers. Les deux duos de l’opposition que sont Reckya Madougou-Patrick Djivo et Frédéric Joel Aïvo-Moïse Kérékou désignés respectivement par Les Démocrates et le FRD ont été écartés. Avant d’y arriver la Cour constitutionnelle a procedé au rejet de tous les recours déposés contre le processus et le système de parrainage.
Aussi, faut-il le rappeler, la quête des parrainages a affiché une cacophonie de déclarations au sein des partis Union Progressiste(UP) et Bloc Républicain(BR). Les versions des différents députés de l’Up comme du Br venus s’expliquer sur le processus d’octroi des parrainages ont montré, pour une première fois, un manque de cohésion au sein de ces partis. A certains candidats, il a été demandé de chercher à rencontrer les responsables des partis pour négocier les parrainages, à d’autres il a été conseillé de mener des démarches individuelles pour avoir les signatures. Tantôt « quérable »– allusion faite au propos de Lazare Sèhouéto de l’UP-, tantôt négociable en gros, tantôt négociable en détail, le parrainage a été tout sauf ce que la Cena elle-même avait proposé qu’il soit : une pièce qui doit quitter les mains des parrains et se retrouver dans les dossiers des candidats. C’est le député UP Ahmed Tidjani Affo Obo dit Souwi qui a révélations chocs sur les partis qui ont dépossedé les parrains des fiches qu’ils auraient rempli à leur insu et donner aux candidats voulus et désignés par eux ou ceux qui leur ont été conseillés. Ceci a fait dire à Eric Houndeté, président du parti Les Démocrates que « Talon est candidat contre Talon ».
Depuis les activités de soutien qui se mènent sur le terrain sont presque tous en faveur du chef de l’Etat et de son duo. Sa colistière Mariam Chabi Talata Zimé a entamé une tournée pour sa candidature dans le borgou et l’Alibori. Les rares activités des deux autres duos ont été beaucoup plus de se défendre ou de s’en prendre à la vraie opposition que de battre campagne en se présentant comme des duos d’alternative et d’alternance au pouvoir Talon.
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