Le génocide rwandais de 1994, est sans conteste l’un des plus meurtriers qu’ait connu le continent. En trois mois, d’Avril à Juillet, plus de 500 000 citoyens étaient tués de la main même de leurs compatriotes. Aujourd’hui, même alors que le pays avait réussi à se relever économiquement de cette période de grande destruction, le poids psycho-social, et sociologique de la crise demeurait encore, avec de nombreuses voix appelant la France, puissance coloniale, à reconnaitre sa part de responsabilité dans le génocide. Ce lundi, un rapport, un autre, accusait nommément Paris d’avoir participé au génocide en soutenant le régime qui avait orchestré le massacre.
« Le rapport parle de lui-même »
Levy Firestone Muse est un cabinet d’avocats et de représentation légale basée à Washington. Le cabinet, réclamant « une vaste expérience de résolution réussie de questions à enjeux élevés, en matière d’enquêtes, de litiges commerciaux et pénaux complexes », se veut l’un des principaux cabinets de gestion de contentieux de la capitale américaine. C’est à ce cabinet que Kigali a confié la tâche « d’examiner le rôle de la France dans le génocide de 1994 contre les Tutsi ».
Ce Lundi 19 avril le cabinet rendait son rapport. Un rapport de 600 pages dont la préface et les conclusions faisaient à eux-seuls 44 pages. Et dans lequel le cabinet déclarait en substance : « notre objectif a été d’identifier et d’établir des faits et des circonstances liés au rôle de l’État français, de parvenir à des conclusions quant à sa responsabilité et de rendre compte à l’État du Rwanda. Nous l’accomplissons avec ce rapport. La remise de ce rapport à l’État rwandais conclut l’enquête et parle de lui-même. Nous ne souhaitons donc pas nous exprimer auprès des médias. »
Le rapport Levy Firestone Muse n‘en est pas à son premier jet. En 2017, déjà le cabinet avait produit un rapport, toujours pour les autorités rwandaises, incriminant la France. Mais en 2019, une commission mise sur pied par le président Macron, la commission Duclert, composée de 15 historiens avec un accès sans précédent aux archives du gouvernement français, avait affirmé le contraire.
Bien que blâmant le président François Mitterrand, pour un «échec» de la politique envers le Rwanda en 1994, le rapport Duclert avait déclaré que « rien dans les archives qui ont été examinées » ne démontraient « une volonté » pour la France « de se joindre à une opération génocidaire ». Une chose que réfute dans ses conclusions le rapport Levy Firestone Muse.
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