Au petit matin du mardi 07 décembre 2021, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a condamné le professeur Joël Aïvo à 10 ans d’emprisonnement ferme avec une amende de 45 millions franc CFA pour «blanchissement de capitaux et complot contre la sûreté de l’Etat». Depuis la condamnation du constitutionnaliste béninois, des voix s’élèvent pour donner leurs avis sur la peine qui lui a été infligée. La dernière réaction est celle de Joël Atayi Guèdègbé, défenseur des droits humains et expert en gouvernance qui s’est interrogé sur le chef d’accusation lors d’un entretien accordé à Rfi le mardi 07 décembre 2021.
«Par rapport au chef d’accusation, on peut continuer de s’interroger. On a l’impression que ses débats n’ont pas permis d’en apporter complètement la preuve» a déclaré Joël Atayi Guèdègbé sur RFI . Pour lui, il n’a pas eu «le sentiment qu’on ait fait une démonstration nette des liens entre lui qui serait commanditaire et ceux qui ont eu l’intention de commencer un acte». «Donc il est quand même inquiétant qu’on mette à votre charge un commencement d’intention et c’est ça qui donne l’impression éventuellement d’une justice expéditive et /ou alors d’une volonté d’en découdre par tous les moyens avec quelqu’un» a-t- il déclaré.
L’impartialité de la justice en question
Beaucoup de personnes s’interrogent si le professeur Joel Aïvo n’a pas été victime d’une procédure approximative et d’un coupable par association. «Je crains que oui. Et manifestement, l’opinion dominante qu’on a essayé de juxtaposer deux affaires pour n’en faire qu’une» a affirmé l’expert en gouvernance. Et il a poursuivi : «C’est un sentiment. Je ne voudrais pas donner l’impression de commenter et de remettre en cause les décisions de justice. C’est à la justice de communiquer ce sentiment d’impartialité et de se montrer indépendante de toutes les parties». Pour lui, c’est le travail de la justice d’établir les preuves de manière irréfutable pour rassurer tout un chacun dans un système démocratique. Il a fait savoir que les personnes condamnées ont la possibilité de faire un recours. Selon lui, «c’est aux juges qui sont des professionnels du droit, de défendre leur honneur jusqu’au bout, d’accomplir leur mission avec toute la probité qui devrait être de mise. Donc le défi est celui-là pour la Criet».
Eviter que le doute s’installe
«Ne préjugeons pas. Continuons de faire confiance malgré tout au sens du discernement même si politiquement madame Madougou et monsieur Aivo ont paru avoir des accointances l’un et l’autre. Ils ne le sont jamais cachés de leur sympathie politique mutuelle et de leur opposition au pouvoir» a affirmé Joël Atayi-Guèdègbé. Il a invité également tout un chacun à avoir d’abord confiance en la CRIET par rapport au procès de la candidate du parti « Les Démocrates» recalée aux dernières élections présidentielles qui aura lieu le vendredi 10 décembre 2021. Mais il émet le vœu qu’«il s’agit du droit et on espère qu’il ne s’agira que de droit et non de politique». Il a affirmé qu’on a «besoin de la manifestation pleine et indiscutable de la vérité» et que «tant que cela ne sera pas le cas alors il faudrait aussi qu’on souffre que le doute s’installe et ce ne serait pas à l’honneur d’une démocratie telle que le Bénin ambitionne de la construire».
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