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Bénin : Paul Hounkpè, seul au monde

« Si hier nous ne nous parlions pas, aujourd’hui je peux vous rassurer qu’on se parle, on se voit et on envisage des actions communes. En notre qualité de chef de file de l’opposition, nous avons fait le pas et il faut l’avouer nos camarades ont été réceptifs. Nous sommes très avancés et le dialogue est presque quotidien ». Ainsi s’exprimait le premier chef de file de l’opposition béninoise Paul Hounkpè le samedi 22 janvier dernier au cours d’une réunion du bureau politique  de son parti, les Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE).  

A priori, ces propos semblent indiquer que l’ancien ministre de la culture du président Boni Yayi a réussi à recoller les morceaux de l’opposition partie en lambeaux après les joutes électorales de ces dernières années. Cela semble montrer que l’homme commence à jouer pleinement son rôle et il donne le sentiment que cette opposition abordera les élections législatives de 2023 en rangs serrés. Mais, l’optimisme affiché par M. Hounkpè n’est pas partagé par tout le monde notamment ceux qui observent la vie politique de notre pays.

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La réalité est peut être toute autre chose. Car, depuis sa désignation par le pouvoir de la Rupture, le Secrétaire exécutif des FCBE est ballotté entre sa légalité institutionnelle et sa légitimité morale. Celui qui aujourd’hui en principe devait être le fédérateur de l’opposition s’est lancé un challenge qu’il a de la peine à remplir et le rôle quasi ambigu qu’il a joué sur la scène politique béninoise ne plaide pas en sa faveur. Complicité et méfiance sont les maîtres-mots utilisés par ses pairs pour le qualifier. A tort ou à raison.

Pris entre deux feux

Cependant les déboires de Paul Hounkpè n’ont pas commencé aujourd’hui. Ils remontent à 2020 avec l’obtention du récépissé par les FCBE, document indispensable pour une reconnaissance légale au Bénin après la modification de la constitution. Les conditions dans lesquelles ce document avait été obtenu avait entrainé un bras-de-fer entre pro et anti conformistes au sein du parti. Même s’il s’en est défendu en arguant avoir fait le choix du « dialogue et du consensus », Paul Hounkpè ne réussira pas à convaincre tout le monde.

Le  président d’honneur du parti Boni Yayi et plusieurs autres figures non moins importantes lui tournent casaque. Le parti implose. Il n’empêche ! Paul Hounkpè et ceux qui lui sont restés fidèles continuent leur chemin jusqu’aux élections communales où ils obtiennent six sièges. Arrive l’élection présidentielle de 2021. Le secrétaire exécutif des FCBE se présente en duo avec un autre ancien ministre de Boni Yayi, Allassane Soumanou Djimba. Les Démocrates entre-temps créé par les dissidents du parti FCBE qui ont porté à leur tête l’ancien Vice-Président de l’assemblée nationale Éric Houndété et Restaurer l’espoir de Candide Azanaï crient au scandale. Ils l’accusent d’avoir été « fabriqué » par le président Patrice Talon pour représenter l’opposition à l’élection présidentielle. 

L’échec est cuisant. Ils sont laminés par le candidat Patrice Talon. S’en suivra sa désignation en tant que chef de l’opposition considérée comme un « non événement » par Éric Houndété. Comme si tout cela ne suffit pas, un autre groupe de cadres des FCBE avec à sa tête un troisième ministre de Boni Yayi,  Théophile Yarou va faire désertion pour créer le parti Alliance nouvelle. La saignée continue et le parti se fragilise un peu plus.  Comme des rats abandonnant le navire qui coule, des élus communaux et des centaines de militants vont rejoindre les partis de la mouvance présidentielle.

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Abandonné par ses compagnons de premières heures et leurs militants, que reste t-il du parti FCBE à quelques mois des élections législatives ? Comment Paul Hounkpè réussira t-il à colmater les brèches ? Participera-t-il à ces élections ? A-t-il les moyens financiers et humains pour affronter le rouleau compresseur de la mouvance présidentielle ? De l’autre côté de l’opposition, on est sur ses gardes. Il est rejeté par ses pairs. Malgré ses assurances et sa main tendue, personne ne lui fait entièrement confiance. Et il n’a pas encore pu imprimer sa marque de leader de l’opposition. Seul au milieu du gué, comment pourra t-il s’en sortir ? L’avenir nous le dira.

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