La réponse du gouvernement à la cherté de la vie et à la flambée des prix des produits de première nécessité ne s’est pas faite attendre. Mercredi 23 mars, en conseil des ministres, une batterie de mesures a été prise en vue de soulager les ménages qui souffrent depuis quelques mois. Le riz, les huiles, la farine de blé sont exonérés de la TVA. La tonne du ciment sera dorénavant vendu sur toute l’étendue du territoire national dans une fourchette de 75 à 90.000 FCFA . Le réajustement des tarifs de la SBEE est également suspendu jusqu’à la fin de cette année. Le prix de cession à la pompe du gas-oil a été maintenu à 600 FCFA. Au total, l’ensemble de toutes ces mesures est estimé à plus de 80 milliards de FCFA .
Comme on peut aisément le constater, le régime du président Patrice Talon a véritablement mis le pied à l’étrier à une situation d’inflation généralisée qui a soulevé l’indignation de toutes les classes sociales du pays et a entraîné des mouvements d’humeur des travailleurs de l’administration publique. Il y a encore quelques semaines, les travailleurs avaient en effet organisé de grands rassemblements à la Bourse du travail pour exiger des mesures urgentes et ont menacé de durcir le ton, si le gouvernement ne se penchait pas sérieusement sur leurs revendications. Aujourd’hui, c’est chose faite et certains leaders syndicaux s’en réjouissent déjà. Sauf que pour le moment, il ne s’agit que d’annonces. Il va falloir que tout ceci se concrétise dans les marchés, les boutiques et les magasins dans les prochains jours. Et c’est là tout le paradoxe. Ce n'est pas la première fois que le gouvernement prend des mesures allant dans le sens de l’allègement des peines des populations.
Pas plus tard que le 2 février dernier, le gouvernement avait interdit la sortie de certains produits du territoire national. Des descentes musclées avaient été opérées aux frontières du pays qui se sont soldées par la saisie de plusieurs tonnes de marchandises. Après cela, il n’y a plus rien. C’est le silence total comme si tout est rentré dans l’ordre. Il avait également été prévu l’affichage des prix des denrées alimentaires dans les marchés. Mais les vendeuses n'en ont cure. La descente des équipes du ministère du commerce dans certains marchés de Cotonou n’a servi à rien. Et il n’y a personne pour les contraindre à le faire. Et chacun fait comme bon lui semble. La semaine dernière une équipe du ministère du commerce est descendue dans les dépôts de ciments pour faire respecter les prix imposés par le gouvernement. Certains magasins ont même été fermés.
Mais après le départ de l’équipe ministérielle, ils ont réouvert pour vendre leurs produits aux prix spéculatifs. Ici, se pose avec acuité le suivi des décisions gouvernementales. Dans le cas d’espèce, certaines mesures pourraient être appliquées. Notamment celles concernant le maintien du prix du gas-oil, l’abaissement des prix de fret aérien et maritime et le tarif des factures d’électricité. C’est à peu près tout ce qui se fera parce qu’il s’agit de prérogatives régaliennes. Mais concernant le reste des mesures qui ont rapport directement avec les prix sur les marchés il y a des risques que ces mesures ne soient pas appliquées.
Pour changer la tendance, il va falloir alors redoubler d’efforts et assurer un suivi rigoureux pour que les populations ressentent sur leur porte-monnaie, l’impact de ces mesures. Encore une fois la situation sociale du pays ramène à la question de savoir si la suppression de l’Office national d’appui à la sécurité alimentaire (Onasa) en 2016 était opportune ou non. Cette structure du ministère de l’agriculture permettait de faire des stocks de denrées alimentaires et de les déverser sur les marchés en période de soudure. Sa réhabilitation comme le suggère certains leaders syndicaux pourrait être une solution et un précieux soulagement.