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Chefferie traditionnelle au Bénin : les raisons de la réforme du secteur

Les 15 membres de la chargée de l’élaboration du cadre juridique de la chefferie traditionnelle ont été installés vendredi 27 mai dernier par le chef de l’État Patrice Talon. Ils ont pour missions d’évaluer l’organisation, la structuration et le mode de succession de la chefferie au Bénin et de définir ses prérogatives. A cette occasion, le président Talon leur a indiqué la marche à suivre. Pour lui, il ne s’agit de moderniser la chefferie mais de réhabiliter ce qui se faisait pour rester conforme à nos traditions excepté ce qui n’est plus compatible avec les lois en vigueur. Entre autre piste, il leur a demandé de réfléchir sur comment la chefferie traditionnelle peut contribuer à la cohésion sociale, aider dans la réconciliation, ce qui peut lui être dévolu en matière de gestion de la cité et enfin définir les moyens à mettre en place dans l’accomplissement de cette tâche.

C’est la première fois que le gouvernement de la Rupture s’attaque à ce pan très sensible de la société béninoise. Certes, la chefferie a été réhabilitée après les années sombres qu’elle a traversé au temps de la révolution populaire du Bénin. Les différents régimes qui se sont succédés depuis le renouveau démocratique au Bénin ont fait des efforts pour sa réhabilitation. En réalité, les chefferies traditionnelles ne peuvent plus être considérées comme un vestige du passé en voie de disparition. Leurs capacités d’adaptation et leurs liaisons avec les pouvoirs politiques et leurs habiles tractations les rendent incontournables dans la gestion courantes des affaires de la population. Chef de guerre et protecteur, garant du respect des us et coutumes, arbitre des conflits entre les individus, administrateur des ressources collectives, agent de liaison avec les forces surnaturelles, tels étaient les principaux rôles du chef et ceux qui l’entouraient. Sa cour est parfois le premier degré de juridiction où les problèmes fonciers et de conciliation sont débattus et tranchés.

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Le ver est dans le fruit

Mais la chefferie en tant qu’institution a commencé à perdre tout crédit du fait du rôle qu’on lui a fait tenir depuis le renouveau démocratique et l’apparition du suffrage universel au Bénin. Le chef a perdu de sa superbe à cause de son attrait à l’argent. « Pactiser avec elle et vous gagnerez toutes les élections ». Pour ce faire, il faut l’appâter. Telle pourrait être la leçon à tirer de l’examen du rôle et de la place de la chefferie durant ces dernières années. Comme dans toutes les couches de la société, l’argent s’est infiltré dans le secteur de la chefferie traditionnelle. Certains chefs ont perdu la vertu.

Toutes ses raisons légitiment la réforme et la restructuration de la chefferie. La démarche du président Patrice Talon confirme la continuité de l’attention qui est accordée à une institution qui a fait preuve par le passé, de son poids politique. D’autres horizons semblent ainsi s’ouvrir pour les rois et les chefs traditionnels. Il y a de la part des pouvoirs publics, une reconnaissance publique incluant leur participation et des responsabilités plus élargie dans la gestion des affaires de l’État pour leur offrir une garantie constitutionnelle. Le Bénin a ses propres spécificités et doit réhabiliter la gouvernance traditionnelle malgré les difficultés au lieu d’emprunter systématiquement les principes et pratiques de l’Occident.

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