A peine a-t-on commencer à fermer les pages des législatives du 08 janvier que les oiseaux de mauvaise augure reprennent la même campagne de diabolisation de Boni Yayi entamée depuis 2016. Depuis quelques jours, il essuie diatribes et calomnies dans les médias et les réseaux sociaux. Les auteurs qui ont décrété eux mêmes sa retraite politique, voient mal ses dernières politiques et annoncent qu’il a compromis ses chances de médiateur dans les conflits sur le continent.
Et la « yayiphobie » entra en danse. Cette peur morbide qu’ont certains acteurs politiques de voir Boni Yayi faire une sortie publique ou de poser un acte politique tend à devenir une épizootie incontrôlable qui fait assez de ravages. A peine l’ancien président se décide à saluer des parents ou des amis éplorés que la même rengaine reprend. S’il publie un texte pour donner son opinion sur un sujet précis, c’est encore plus grave. On l’accuse de faire la politique, de vouloir soulever le peuple contre le pouvoir actuel et surtout de se préparer pour une nouvelle élection présidentielle. Il n’y a finalement aucun acte qu’il puisse poser qui n’est taxé de politique.
Pourtant, il n’existe aucune loi, aucun texte de la république qui interdit à un ancien président de la république de faire la politique. C’est d’ailleurs pourquoi, même s’il a quitté le pouvoir en 1996, le président Nicéphore Soglo a été candidat à l’élection présidentielle de 2001.Et il a d’ailleurs poursuivi en devenant maire de Cotonou de 2003 à 2013 et y a fait deux mandats. En dehors du Bénin, d’autres anciens présidents continuent d’exercer des charges politiques dans leurs pays. Au Nigéria tout près, Olusegun Obassanjo continue de battre campagne malgré ses 86 ans et le fait qu’il est du parti opposé à celui du chef de l’Etat.
Pourtant, il est médiateur dans maintes crises sur le continent. Idem pour son successeur Goodluck Jonathan qui s’investit aussi dans la résolution de plusieurs conflits. En France, on a vu François Hollande appeler tous les français à voter pour Macron face à Le Pen. Aux Etats Unis, Obama face à la crise raciste aux États-Unis a mené le combat au sein de son parti « Démocrate ». Aucun de ces anciens présidents n’a reçu la moindre pression. Il n’y a qu’au Bénin que le moindre acte d’un ancien président est perçu comme un acte subversif.
Contre vérités
Il a fallu que Yayi fasse quatre jours de sensibilisation et de campagne pour le parti Les Démocrates pour devenir le pestiféré de la République. Des plumes armés sont recrutés pour noircir son image avec des arguments les plus fallacieux. On dit qu’il s’est investi dans la campagne des Démocrates afin d’obtenir la majorité au parlement pour réviser la constitution et lui permettre d’être candidat. Partout où il est passé Boni Yayi a affirmé qu’il n’est candidat à rien. On l’a entendu répéter cette phrase à Savè, à Parakou, à N’Dali, à Nikki,à Kandi…
Pendant dix ans qu’il est resté au pouvoir, Boni Yayi n’a pas touché à une virgule de la constitution alors que sous le régime de son successeur la constitution a été révisée. Les mêmes racontent qu’il a tenu des propos va-t-en-guerres. Un autre mensonge puisque l’ancien chef de l’Etat a invité les populations à voter dans la paix et la discipline et à ne céder à aucune provocation. Son Message a eu un grand écho auprès des populations qui ruminent la frustration de voir leurs votes volés sans pour autant poser des actes de violence.
Faut-il le rappeler, c’est la première fois qu’une élection ait connu autant de cas de bourrage d’urnes et de fraude avec plus d’une cinquantaine d’arrestations. C’est d’ailleurs pour ce souci de paix que Boni Yayi n’a sillonné que les régions où il y avait eu les tensions et les violentes contestations lors des élections de 2019, 2020 et 2021 et a refusé délibérément les autres zones en dépit même des nombreuses sollicitations de ses partisans et admirateurs. Selon des sources proches de l’ancien président, il ne fait aucune fixation sur les postes de médiateurs dans la sous-région et n’en est guère attaché. A l’intérieur du Bénin comme à l’extérieur, il est attaché à la paix et à la démocratie.
Ce sont pour lui des valeurs non négociables sur lesquelles il ne peut rester muet. Ceux qui pensent l’en dissuader en pérorant sur son retrait des missions de médiateur de la CEDEAO se trompent. « C’est une bonne nouvelle pour lui », souffle une source proche de lui. Il a été nommé médiateur presque 11 à 12 mois après le coup d’Etat en Guinée. Les nouveaux hommes forts se sont confortablement installés sans que la CEDEAO ne réagisse. Yayi a fait près de 6 missions avec la CEDEAO. Avec son expérience et sa diplomatie, il a réussi à réduire la durée de la transition qui est passée de 36 à 24 mois. Qui dit mieux ? Aujourd’hui, le peuple béninois souffre. Le Pays est divisé et beaucoup de Béninois ont perdu leur espoir de vivre. Face à ce tableau, le pays a besoin de la contribution de tous ses fils. Et Boni Yayi en est un. Comme beaucoup, il souhaite la paix, la stabilité, la sécurité, la démocratie, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
Souleymane Boukari (Contributeur externe)
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