Les récents événements au Sahel mettent en lumière une situation géopolitique complexe, où l’Algérie semble perdre du terrain face à l’ascension diplomatique et économique du Maroc dans la région. Alger, déjà aux prises avec une crise économique exacerbée par la chute des prix du pétrole et les remous sociaux du Hirak, fait face à un isolement croissant. Les tensions avec le Mali, notamment après la rupture de l’accord de paix d’Alger par les autorités maliennes, soulignent cette érosion d’influence.
Cette situation est d’autant plus préoccupante pour l’Algérie qu’elle craint les répercussions sécuritaires d’un conflit ouvert au nord du Mali, avec pour corollaires un afflux de réfugiés et la menace d’infiltration terroriste.
Le Maroc consolide sa position
Parallèlement, le Maroc consolide sa position en tant qu’acteur majeur au Sahel, en s’érigeant en partenaire fiable et constructif pour les pays de la région. L’initiative marocaine de créer une zone de libre-échange avec les pays du G5 Sahel et d’améliorer les infrastructures critiques est accueillie favorablement, contrastant avec la posture algérienne perçue comme moins coopérative et davantage axée sur le soutien aux mouvements séparatistes.
L’Algérie redéploie discrètement ses forces armées à ses frontières avec le Mali et le Maroc, signe tangible de son inquiétude face aux remous dans le Sahel. Cette réaction est en partie motivée par la présence de forces étrangères à ses portes, qui accentue son sentiment de vulnérabilité. Dans ce contexte, les déclarations de l’ancien ministre algérien Abdelaziz Rahabi sur la reconfiguration des alliances dans la région témoignent de l’ampleur des défis auxquels Alger est confrontée.
Les accusations d’ingérence au Mali pèsent lourd sur l’Algérie, qui se défend de tout agenda caché, rappelant son rôle de médiateur dans l’accord d’Alger de 2015. Cependant, les critiques quant à sa gestion des revendications touaregs et l’impact de sa politique sur l’unité malienne ajoutent à la complexité de sa position, alors même que des voix comme celle de l’écrivain et universitaire Alexandre Del Valle pointent une stratégie algérienne de division.
Le Maroc, de son côté, poursuit une diplomatie active et une vision pragmatique de coopération régionale, renforçant ses liens économiques et sécuritaires avec les pays du Sahel. La visite historique du Roi Mohammed VI en Mauritanie en 2006 et la récente initiative de libre-échange en sont des exemples marquants, illustrant une stratégie marocaine orientée vers des accords gagnant-gagnant, à l’opposé de la démarche algérienne jugée moins constructive.
L’Algérie semble dans une position difficile au Sahel, confrontée à des défis sécuritaires, économiques et diplomatiques de taille. Pendant ce temps, le Maroc tire parti de cette situation pour renforcer sa stature régionale, proposant une alternative solidaire et pragmatique aux pays du Sahel, au détriment de l’influence traditionnelle d’Alger.
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