La Chine trouve un allié au sein de l’Europe

Li Qiang - Photo: GREG BAKER /Piscine via REUTERS

L’escalade des tensions sino-occidentales a atteint un nouveau sommet ces derniers mois, marquée par une série de sanctions américaines visant à freiner l’accès de la Chine aux technologies de pointe. Washington a notamment imposé des restrictions sur l’exportation de semi-conducteurs avancés, craignant leur utilisation à des fins militaires. En parallèle, l’Union européenne s’inquiète de la concurrence déloyale des véhicules électriques chinois sur son marché, menaçant d’imposer des droits de douane pour protéger son industrie automobile. Cette guerre économique larvée s’inscrit dans un contexte plus large de rivalité géostratégique, où la Chine cherche à affirmer son influence mondiale face à un Occident de plus en plus méfiant.

Une visite diplomatique sous haute tension

Dans ce climat tendu, la visite officielle de Giorgia Meloni en Chine revêt une importance particulière. La présidente du Conseil italien, arrivée à Pékin pour un séjour de cinq jours, a été reçue par le président Xi Jinping, marquant ainsi la première rencontre au sommet entre les deux pays depuis 2019. Cette visite intervient quelques mois après la décision de l’Italie de se retirer du projet controversé des « nouvelles routes de la soie« , un programme d’investissements massifs porté par Pékin.

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Malgré ce retrait, qui aurait pu refroidir les relations bilatérales, Meloni affiche sa volonté de « relancer la coopération » avec la Chine. Cette posture illustre la complexité des relations entre l’Europe et l’Empire du Milieu, oscillant entre méfiance et nécessité économique. L’Italie, en quête d’un équilibre délicat, tente de maintenir des liens privilégiés avec Pékin tout en restant alignée sur les positions de ses alliés occidentaux.

Un rééquilibrage économique en ligne de mire

Au cœur des discussions entre Meloni et les dirigeants chinois se trouve la question du déséquilibre commercial. Avec des importations italiennes de produits chinois s’élevant à 47 milliards d’euros contre seulement 19 milliards d’exportations vers la Chine, Rome cherche à redresser la balance. La présidente du Conseil italien a clairement exprimé son intention de « combler l’écart trop important » dans les relations économiques, pointant notamment la disparité des investissements directs entre les deux pays.

Pour concrétiser cette ambition, un plan d’action triennal a été signé, couvrant divers domaines tels que l’industrie, l’éducation et l’environnement. Ce programme vise à expérimenter de nouvelles formes de partenariat, avec un accent particulier sur le secteur des véhicules électriques, sujet de friction entre la Chine et l’Union européenne. L’Italie, tout en soutenant les mesures protectionnistes européennes, semble néanmoins ouverte à des collaborations dans ce domaine stratégique, illustrant sa position d’équilibriste entre solidarité européenne et intérêts nationaux.

Vers un partenariat renouvelé ?

Les promesses du Premier ministre chinois Li Qiang d’ouvrir davantage le marché chinois aux entreprises étrangères et d’assurer un traitement équitable ont été accueillies avec un optimisme prudent par la délégation italienne. Meloni insiste sur la nécessité d’une « concurrence loyale » et d’un « libre-échange » effectif, consciente des défis que représente l’accès au marché chinois pour les entreprises italiennes.

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Cette visite marque potentiellement le début d’une nouvelle ère dans les relations sino-italiennes. En se positionnant comme un interlocuteur privilégié de la Chine au sein de l’Europe, l’Italie de Meloni tente de jouer un rôle de pont entre l’Est et l’Ouest. Cette stratégie, si elle porte ses fruits, pourrait non seulement bénéficier à l’économie italienne mais aussi offrir à l’Europe une voie de dialogue alternative avec Pékin dans un contexte géopolitique tendu.

Cependant, l’équilibre reste fragile. L’Italie devra naviguer habilement entre ses ambitions économiques, ses engagements envers ses alliés occidentaux et les pressions croissantes pour une approche plus unifiée de l’UE vis-à-vis de la Chine. Le succès de cette démarche dépendra de la capacité de Rome à transformer les promesses en actions concrètes, tout en préservant ses intérêts stratégiques et ceux de l’Union européenne dans son ensemble.

Une réponse

  1. Avatar de Dahomey
    Dahomey

    l’hégémonie occidentale est entrain de vivre ses derniers.le monde doit changer. l’humanité a trop souffert des exactions et répressions des occidentaux envers les pays pauvres. la justice divine punira toujours les défaillants.

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