Depuis le début du 21e siècle, la Chine s’est imposée comme un acteur majeur sur le continent africain. À travers son initiative « la Nouvelle route de la soie » et le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), Pékin a massivement investi dans les infrastructures, l’énergie et le commerce en Afrique. Cette stratégie vise à sécuriser les ressources naturelles, ouvrir de nouveaux marchés pour ses produits et renforcer son influence géopolitique. Les prêts chinois, souvent critiqués pour leur manque de transparence, ont néanmoins permis la réalisation de projets d’envergure tels que des ports, des chemins de fer et des centrales électriques. Face à cette montée en puissance, certains pays africains cherchent à se positionner comme des intermédiaires privilégiés. Parmi eux, le Maroc se démarque par son approche ambitieuse et sa volonté de jouer un rôle pivot dans cette dynamique triangulaire.
Le Maroc, pont entre la Chine et l’Afrique
Le royaume chérifien ne cache pas ses ambitions de devenir un maillon essentiel dans la coopération sino-africaine. Fort de sa position géographique stratégique et de ses liens historiques avec le continent, le Maroc se présente comme un interlocuteur de choix pour la Chine. L’ambassadeur marocain en Chine, Abdelkader El Ansari, a récemment mis en avant la disposition du pays à jouer un rôle de premier plan dans le renforcement de la coopération triangulaire, notamment dans des domaines clés tels que la formation, la santé, la gestion des ressources en eau et la gouvernance.
Cette ambition s’appuie sur une expérience reconnue internationalement que le Maroc partage avec la Chine. Tel un pont culturel et économique, le royaume aspire à faciliter les échanges et les investissements entre l’Empire du Milieu et les nations africaines. Cette posture s’inscrit dans la continuité de la politique étrangère marocaine, qui a toujours placé l’Afrique au cœur de ses priorités.
Une convergence de visions et d’intérêts
Le Maroc et la Chine partagent une vision commune du développement africain, axée sur le pragmatisme et les bénéfices mutuels. Cette convergence se manifeste notamment au sein du FOCAC, où le Maroc joue un rôle actif depuis sa création en 2000. Le royaume a été à l’origine de plusieurs initiatives visant à concrétiser les objectifs du forum, démontrant ainsi son engagement en faveur d’une coopération sino-africaine fructueuse.
L’approche marocaine s’apparente à celle d’un catalyseur, cherchant à optimiser les retombées des investissements chinois pour le continent. En mettant en avant son expertise dans des secteurs stratégiques comme l’agriculture, les énergies renouvelables ou l’industrie automobile, le Maroc se positionne comme un partenaire de choix pour des projets de développement à forte valeur ajoutée.
Un partenariat bilatéral comme tremplin
Les ambitions marocaines s’appuient sur un partenariat bilatéral solide avec la Chine. La visite historique du roi Mohammed VI à Pékin en 2016 a marqué un tournant, avec l’établissement d’un partenariat stratégique et des décisions majeures comme l’exemption de visas pour les citoyens chinois. Ces mesures ont ouvert la voie à une intensification des échanges économiques et culturels.
La création de la Cité Mohammed VI Tanger Tech illustre parfaitement cette dynamique. Ce projet d’envergure, accueillant des dizaines d’entreprises chinoises, symbolise la volonté du Maroc de devenir une plateforme industrielle et logistique incontournable entre la Chine et l’Afrique. Tel un jardin fertile où s’épanouissent les graines de la coopération sino-africaine, cette cité incarne les ambitions marocaines de fertilisation croisée des savoirs et des investissements.
Le Maroc mise également sur son réseau d’accords de libre-échange pour attirer les investisseurs chinois, se présentant comme une porte d’entrée vers de vastes marchés de consommation. Cette stratégie, comparable à celle d’un hub aérien multipliant les connexions, vise à faire du royaume un carrefour incontournable des flux commerciaux entre la Chine, l’Afrique et au-delà.
En cultivant ainsi son rôle d’interface, le Maroc cherche à récolter les fruits d’une coopération triangulaire mutuellement bénéfique. Si le chemin vers la concrétisation de ces ambitions reste parsemé de défis, le royaume semble déterminé à tracer sa voie unique dans le paysage complexe des relations sino-africaines.
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