La recrudescence des bavures policières fait réagir de plus en plus. Après avoir décrié dans les médias et sur la place publique ce que fait subir à certains béninois, les forces de sécurité publiques, censées les protéger, un citoyen vient de saisir la cour constitutionnelle. Il s’agit de Thibaut Ogou, ancien détenu politique qui a déposé un recours devant les sept sages, aux fins de se prononcer sur les agissements des policiers. Sa requête est soutenue par un rapport sur les bavures policières au Bénin, demande à la haute juridiction d’écouter le directeur général de la police républicaine, Soumaïla Allabi Yaya.
« Ces incidents se produisent généralement dans des contextes d’abus de pouvoir, d’arrestations arbitraires, ou de violences excessives exercées par certains membres des forces de l’ordre. Tirs mortels sur les manifestants, brutalités physiques et souvent coups mortels lors des interpellations, tirs à balles réelles sur des citoyens et d’autres comportements abusifs sont entre autres des méthodes exploitées par la police Républicaine », écrit le requérant dans son rapport joint au recours. Ce qui a poussé pour Thibaut Ogou à déposer son recours c’est que « malgré les dénonciations des organisations des droits de l’homme comme Amnesty, ODHP et même des indignations sur les plateformes et les réseaux sociaux, des enquêtes n’ont jamais été faites afin de situer les responsabilités et les auteurs de ces bavures n’ont jamais été sanctionnés ni même interpelé par la hiérarchie. L’Etat n’a jamais pensé créer une cour spéciale pour des plaintes contre ces bavures et déviances policières comme c’est le cas des médecins ».
Quelques cas sont illustratifs selon le plaignant. « Théophile Dieu-donné Djaho, étudiant en première année de géographie à l’Université d’Abomey-Calavi (Bénin), est décédé tragiquement en mars 2020. Il a été touché par balle lors d’un affrontement entre la police républicaine et des étudiants protestant contre le maintien des cours en pleine pandémie de COVID-19. Le décès de Martin Hounga, un apprenti soudeur de 18 ans, survenu dans la nuit du 4 au 5 septembre 2023 à Hêvié, a suscité une vive émotion et une vague d’indignation au sein de la population. Selon les premiers éléments, il a été abattu lors d’une opération de patrouille menée par la Police Républicaine. La version des faits indique qu’il aurait fui après avoir été intercepté avec un conducteur de taxi-moto en infraction. Puis s’en est suivi des coups de feu attribués à des tirs de sommation. Le décès du jeune Fayçal Ouorou Gani Samba, survenu à Parakou dans le nord du Bénin fin novembre 2024, a suscité une forte indignation et des interrogations ». La cour constitutionnelle est donc attendue dans les prochains jours sur ce recours.
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