Les relations diplomatiques tendues entre la France et l’Algérie ont atteint un nouveau palier en 2023, notamment autour de la question du Sahara occidental. Le soutien français à la position marocaine sur ce territoire contesté a provoqué l’ire d’Alger. Cette crispation diplomatique fait écho aux critiques virulentes suite à l’arrestation de l’écrivain Boualem Sansal (qui avait critiqué le système politique algérien), qui ont également alimenté les frictions entre les deux pays. Ces tensions diplomatiques et culturelles constituent la toile de fond d’une nouvelle initiative législative visant à écarter la langue française des institutions algériennes.
Une initiative parlementaire pour arabiser le Journal Officiel
Trente-neuf députés algériens ont déposé un projet de loi radical visant à supprimer la version française du Journal Officiel. Le texte, composé de 23 articles, prévoit des sanctions judiciaires contre toute publication en français des textes légaux et réglementaires. Les parlementaires justifient cette mesure par la nécessité de protéger l’identité nationale et dénoncent une « pollution légale » héritée de la période coloniale. L’argument financier est également mis en avant, les coûts de traduction étant qualifiés de gaspillage des ressources publiques.
La modernisation numérique comme levier de souveraineté
Le projet législatif prévoit de renforcer la diffusion numérique du Journal Officiel en langue arabe. Cette transformation technologique vise à faciliter l’accès aux textes légaux pour les citoyens tout en affirmant l’autonomie culturelle du pays. Les accords internationaux seront traduits en anglais ou dans la langue du pays partenaire, mais la version arabe primera juridiquement, marquant ainsi une rupture avec la tradition bilingue franco-arabe.
Une politique linguistique en perpétuelle évolution
La question linguistique en Algérie révèle une histoire mouvementée. La loi de 1991 sur la généralisation de l’arabe, adoptée sous Chadli Bendjedid, a connu de multiples rebondissements. Suspendue par Mohamed Boudiaf en 1992, brièvement réactivée par Liamine Zéroual en 1996, puis mise en veille par Abdelaziz Bouteflika, elle témoigne des oscillations de la politique linguistique algérienne. Cette nouvelle initiative parlementaire marque une volonté de trancher définitivement en faveur de l’arabe, rejoignant ainsi les efforts d’autres institutions algériennes pour promouvoir l’usage de l’arabe et de l’anglais au détriment du français dans les communications officielles.
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