Minerais en Afrique: un ministre appelle à sanctionner Elon Musk et Trump si…

Elon Musk (Bloomberg)

La menace d’une suspension de l’aide américaine à l’Afrique du Sud, brandie par Donald Trump et soutenue par son conseiller Elon Musk, risque de se retourner contre les États-Unis. Le président américain accuse Pretoria de « confisquer » des terres après l’adoption d’une loi d’expropriation, tandis qu’Elon Musk, né en Afrique du Sud, dénonce des « lois de propriété racistes » dans son pays natal. Ces accusations ont provoqué une riposte musclée des autorités sud-africaines, qui rejettent catégoriquement ces allégations de discrimination envers la minorité blanche.

Le bras de fer s’intensifie autour des minerais

Le ministre sud-africain des ressources minérales, Gwede Mantashe, a suggéré une réplique économique cinglante lors du salon Mining Indaba au Cap : cesser les exportations de minerais vers les États-Unis si Washington met ses menaces à exécution. Cette proposition révèle les enjeux stratégiques sous-jacents au conflit, l’Afrique du Sud étant un fournisseur majeur de métaux précieux et de terres rares essentiels à l’industrie américaine. La position de Mantashe souligne la détermination de Pretoria à ne pas céder aux pressions extérieures concernant sa politique de réforme agraire.

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Une loi d’expropriation au cœur des tensions

La nouvelle législation, promulguée fin janvier par le président Cyril Ramaphosa, autorise les expropriations sans compensation dans certains cas d’intérêt général. Cette mesure vise à corriger les déséquilibres hérités de l’apartheid, période durant laquelle la population noire fut systématiquement dépossédée de ses terres. Aujourd’hui encore, la minorité blanche, représentant 7% de la population, possède environ 70% des terres du pays. Contrairement aux affirmations de Trump et Musk, le texte prévoit des garde-fous légaux et exige des tentatives de négociation préalables avec les propriétaires.

Le spectre zimbabwéen agité par les opposants

Les critiques de la loi, dont Elon Musk, brandissent l’exemple du Zimbabwe comme un avertissement. Au début des années 2000, la réforme agraire chaotique menée par Robert Mugabe avait conduit à l’expulsion forcée de milliers de fermiers blancs, provoquant un effondrement économique. Mais même l’Alliance démocratique, principal parti d’opposition sud-africain, reconnaît que les comparaisons avec le Zimbabwe sont exagérées. Son leader, John Steenhuisen, admet que si des modifications du texte sont souhaitables, la loi ne permet pas d’expropriations arbitraires et garantit des compensations équitables. La menace de Trump de suspendre l’aide américaine pourrait avoir des effets limités, l’assistance principale concernant le programme Pepfar de lutte contre le VIH/sida. Face aux accusations, Pretoria privilégie le dialogue, tout en maintenant fermement sa position sur la nécessité de la réforme agraire. La réaction du ministre Mantashe suggère néanmoins que l’Afrique du Sud dispose de leviers économiques significatifs pour répondre aux pressions américaines, notamment via ses ressources minérales stratégiques.

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