Dessalement au Maghreb: au-delà de l’eau, une révolution énergétique

Une usine de dessalement (DR)

Face aux défis croissants liés à la disponibilité de l’eau au Maghreb, les infrastructures de dessalement de l’eau de mer se sont imposées comme une solution incontournable. Ces stations, conçues pour atténuer la crise hydrique, jouent désormais un rôle stratégique bien plus large. Au-delà de leur vocation première qui est de fournir de l’eau potable, elles sont progressivement intégrées dans une dynamique de transition énergétique, en particulier pour la production d’hydrogène vert.

L’Algérie illustre parfaitement cette approche avec son programme national de dessalement, qui vise non seulement à sécuriser l’approvisionnement en eau, mais aussi à renforcer ses capacités énergétiques. Le pays a confié à Sonatrach la gestion d’une part essentielle de ce projet, reconnaissant ainsi l’importance du dessalement dans la chaîne de valeur de l’hydrogène vert. Cette vision s’inscrit dans un cadre plus large où les ressources en eau, l’énergie et les mines sont interconnectées.

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Dans cette perspective, les stations de dessalement ne se limitent pas à la production d’eau potable. Elles sont appelées à jouer un rôle clé dans le développement de l’industrie de l’hydrogène vert, en fournissant l’eau nécessaire à l’électrolyse, un procédé central dans cette filière. Le gouvernement ambitionne d’atteindre 30 % d’énergies renouvelables dans l’alimentation de ces installations, un objectif qui s’inscrit dans la stratégie nationale de transition énergétique. Selon Mohamed Arkab, ministre de l’Énergie et des Mines, l’intégration des stations de dessalement dans cette dynamique marque une avancée majeure vers l’autonomie énergétique et la diversification des ressources.

Par ailleurs, ces infrastructures offrent des opportunités pour d’autres secteurs industriels, notamment celui des mines. La saumure issue du dessalement peut être exploitée comme matière première pour la production de métaux stratégiques, dont le lithium, élément essentiel à la fabrication de batteries. L’Algérie, consciente de son potentiel en ressources minières, mise sur cette complémentarité pour optimiser l’utilisation de ses ressources naturelles et renforcer son industrie extractive.

Dans cette logique, le pays prévoit d’accroître significativement ses capacités de dessalement avec le lancement, dès 2026, de six nouvelles stations. À ce jour, 19 infrastructures sont opérationnelles, produisant près de 3,7 millions de mètres cubes d’eau par jour, soit environ 42 % des besoins nationaux. Cette montée en puissance traduit une volonté de pérenniser l’accès à l’eau tout en s’inscrivant dans une dynamique de développement durable.

Ainsi, les stations de dessalement, initialement pensées pour répondre à une urgence hydrique, s’imposent progressivement comme des piliers de la transition énergétique et de l’industrialisation en Algérie. Cette approche multisectorielle témoigne d’une volonté d’optimisation des ressources et d’adaptation aux défis environnementaux et économiques à venir.

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