Elon Musk: l’Europe décidée à se passer de lui dans ce domaine

Elon Musk (Grzegorz Wajda / SOPA Images / LightRocket / Getty Images)

Depuis le début du conflit russo-ukrainien, Elon Musk a joué un rôle ambivalent dans le soutien technologique à Kyiv. D’abord perçu comme un sauveur pour avoir déployé ses terminaux Starlink dans les zones de combat dès 2022, le milliardaire a progressivement limité leur utilisation par les forces ukrainiennes dans certains territoires contestés. Ses communications publiques sur le conflit et ses contacts présumés avec Moscou ont semé le doute quant à sa fiabilité comme partenaire stratégique dans une guerre où les communications représentent un enjeu vital. Ses débuts aux côtés de Trump n’ont rien arrangé, surtout avec leurs récentes décisions et prises de positions, y compris à l’encontre de leurs alliés européens.

L’autonomie satellitaire européenne en marche

La Commission européenne a engagé des discussions avec quatre entreprises du continent spécialisées dans les communications spatiales : SES (Luxembourg), Hisdesat (Espagne), Viasat (Royaume-Uni) et Eutelsat/OneWeb (France-Royaume-Uni). Ces négociations témoignent de la volonté européenne de développer une solution indépendante pour les forces ukrainiennes, alors que Kyiv manifeste son intérêt pour GovSatCom, un réseau qui mutualise les capacités satellitaires des gouvernements européens et devrait être partiellement opérationnel d’ici la fin de l’année.

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Si les dirigeants de SES et Viasat affichent leur optimisme concernant leur capacité à satisfaire les besoins ukrainiens, les experts du secteur demeurent plus réservés. Certains soulignent qu’aucune alternative européenne actuelle, même en combinant les différents systèmes disponibles, n’égale les performances du réseau américain Starlink en termes de couverture et de débit.

Pour combler ce déficit capacitaire, l’Europe mise à long terme sur la constellation IRIS², mais son déploiement n’interviendra pas avant 2030. Cette échéance lointaine pose problème puisqu’elle ne permettrait pas de répondre à une interruption brutale des services américains, situation que les stratèges européens considèrent désormais comme un scénario plausible nécessitant anticipation et préparation.

Le remplacement de Starlink exigerait des investissements considérables pour lancer suffisamment de satellites garantissant une connectivité permanente et performante. Miguel Ángel García Primo, à la tête d’Hisdesat, confirme l’existence de pourparlers sans toutefois préciser si son entreprise possède les moyens techniques et financiers pour relever un tel défi, illustrant ainsi les obstacles pratiques auxquels l’Europe fait face dans sa quête d’indépendance technologique.

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